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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 5
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Emiliani-Giudici, Paolo: La Galerie Buonarroti à Florence
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0495

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LA GALERIE BUONAISROTI A FLORENCE.

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ans de régime démocratique, avait grandi dans Florence pour se répandre
sur le monde entier qui sortait alors de la barbarie, jetait encore ses
rayons, pâles il est vrai, mais toujours agréables, sur la population sou-
mise et amollie. Près d'un siècle s'était écoulé depuis que les étrangers
qui visitaient la célèbre cité de l'Arno restaient stupéfaits de l'aspect singu-
lier de cette république de marchands. Maintes fois, tandis qu'ils deman-
daient des nouvelles d'un personnage qu'ils avaient connu ambassadeur
dans quelque cour de l'Europe, on leur montrait une boutique dans
laquelle le bon citoyen, après avoir rempli avec scrupule, avec fermeté,
avec dignité, ses fonctions diplomatiques au service de sa patrie, retour-
nait aux occupations habituelles de sa vie, à l'exercice de l'industrie à
laquelle il devait sa fortune. Il était marchand, à la vérité, même il ne
dédaignait pas un travail manuel ; mais, lorsque les heures destinées aux
affaires étaient passées, il rentrait dans son palais ou dans sa villa, mo-
nument magnifique et imposant élevé par des artistes de premier ordre,
tels que Brunellesco, Michellozzo, le Cronaca, etc., palais ou villa dont
les vastes salles étaient décorées de bibliothèques, de galeries qui de
nos jours feraient l'orgueil d'un prince. Civilisation prodigieuse qu'aucun
peuple n'a jamais égalée, et qui, pour s'être répandue et avoir pénétré
dans toutes les classes de la société, môme jusque dans ce que nous appe-
lons le menu peuple (ce qu'un philosophe nommerait le substralum
de la société), restera à jamais comme un phénomène des plus singuliers
dans l'histoire des nations modernes!

J'essayerai d'expliquer ma pensée en indiquant deux faits seulement
entre mille qui se présentent à mon esprit.

Marsile Ficin, le restaurateur de la philosophie platonicienne et le
premier traducteur des œuvres complètes du divin philosophe, raconte,
dans une lettre adressée à un savant étranger, que la jeunesse florentine
accourait en grand nombre à ses leçons; il nomme môme l'un après
l'autre, avec un juste orgueil, ses principaux auditeurs. D'où il résulte
que les familles marchandes de la ville étaient presque toutes représen-
tées à cette école. Or, avec nos mœurs, ne serait-il pas ridicule et pres-
que moralement impossible de supposer que ceux qui doivent diriger
des fabriques de drap, de soierie, que ceux qui sont à la tète d'une
banque, d'une teinturerie, s'en iraient écouter les leçons les plus
abstruses, propres à transporter l'esprit humain du monde des affaires
et du positif dans les régions de l'idéal et du fantastique ? Ne regarde-
rait-on pas comme absurde ou comme fou un de vos accumulateurs de
millions, de vos notaires, de vos banquiers ou agents de change, si, au
lieu d'aller à la Bourse, il se rendait à la Sorbonne ou au Collège de
 
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