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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 6
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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: L' enseignement des arts, [2]: il y a quelque chose à faire
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0545

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526

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

étaient simples, les exemples puisés à la môme source. Les Athéniens
n'avaient pas à faire de l'archéologie pour chercher les principes de leurs
arts; ces principes étaient en eux-mêmes. Nous n'avons pas cette fortune,
ou du moins nous l'avons perdue. L'art chez nous est une plante exo-
tique élevée en serre chaude, et l'Académie en est le jardinier. Hors de
la serre, pas de salut; et cependant le ciel est plus beau que ne l'est un
vitrage, les chênes et les ormes valent bien le palmier emprisonné, et le
lotus qui s'épanouit dans un baquet n'a pas le charme du nénufar
étendu sur la surface d'un étang.

Pourquoi l'École des beaux-arts ne montre-t-elle la nature aux élèves
que posant sur une estrade ?

J'ai la faiblesse de penser qu'une leçon de peinture, ou si l'on aime
mieux une causerie dans le parc de Saint-Gloud ou dans les bois de Marly,
par une belle soirée d'automne, vaudrait dix de ces froides corrections
de l'atelier ou de l'Académie. Qu'on ne nous dise pas que cela est impra-
ticable, puisqu'on l'a tenté avec succès. Un professeur dont j'ai déjà
parié, épris de l'enseignement des arts plastiques par la nature en dehors
de l'atelier, s'est avisé de conduire plusieurs de ses élèves dans les
champs, de leur faire sentir sur place comment le soleil éclaire et colore
les objets, de leur expliquer l'admirable transparence des ombres, l'as-
siette des terrains; bien mieux, il s'est encore avisé de jeter sur le dos de
quelques-uns de ces jeunes gens des draperies, et de les faire poser ainsi
en plein air, qui assis à l'ombre, qui causant au soleil, et les autres de
faire des croquis, de fixer dans leur mémoire les effets, les tons de ces
groupes au milieu du paysage. Le lendemain, tous étaient à l'œuvre et
reproduisaient suivant leur sentiment, ceux-ci avec le crayon, ceux-là
avec la couleur, ce qui les avait frappés la veille. Eh bien, l'avoue-
rai-je? quelques-unes de ces esquisses avaient un charme particulier, un
parfum naïf et délicat que nous ne sommes plus habitués, hélas! à trou-
ver dans les esquisses des concours de l'École des beaux-arts. Chacun de
ces souvenirs possédait surtout un caractère d'individualité marqué,
l'empreinte d'un talent original qui ne demandait plus que l'étude per-
sistante pour arriver à son développement. Nous avons vu parmi ces
jeunes gens des coloristes qui certes faisaient de la couleur comme
M. Jourdain faisait de la prose, et qui eussent été passablement surpris
si on leur eût dit qu'ils avaient pensé aux tableaux du Titien ou aux fonds
de Paul Véronèse. Habitués ainsi à regarder et à songer à ce qu'ils
voyaient dans la campagne, dans la rue, quelques-uns de ces élèves
trouvaient partout matière à composer et souvent avec succès. Les a-t-on
envoyés en Italie? les a-t-on encouragés? Non, ils n'étaient pas élèves
 
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