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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 6
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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: L' enseignement des arts, [2]: il y a quelque chose à faire
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0546

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L'ENSEIGNEMENT DES ARTS.

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de l'Académie. Quant au professeur, inutile de dire que ses efforts ont
été soigneusement tenus dans l'ombre ou étouffés sous les félicitations
stériles.

A côté de cet enseignement vrai, qui laisse aux aptitudes leur fraî-
cheur native, il est un enseignement plus grave qui s'adresse à l'esprit
et doit former le goût. Ce n'est pas tout d'apprendre à voir et à imprimer
dans le cerveau ce qu'on a vu, il faut apprendre à discerner ce qui est
bien, et à faire sortir d'une scène vulgaire en apparence un certain fond
souvent élevé, poétique même. Je reviens encore à ces essais des élèves
de M. Lecoq de Boisbaudran. C'est sur ces exercices de mémoire, d'après
nature, que le professeur peut faire une excellente leçon. Les défauts
comme les qualités de ces dessins sont un thème tout tracé propre à
développer les théories touchant la composition, le style, le dessin, la
perspective, l'effet et le coloris. Et observez que cette leçon peut être
faite en raison des aptitudes particulières de chacun, car sur dix esquisses
tracées ainsi de mémoire d'après une même scène, il n'en est pas deux
qui se ressemblent. Les unes appuient sur la forme et l'agencement des
lignes; celles-ci ne rendent que l'effet des lumières et des ombres, d'au-
tres indiquent un esprit observateur des détails, plusieurs laissent percer
des réminiscences des maîtres.

Ce n'est pas tout encore; outre le dessin classique qui doit faire la
base de l'enseignement des arts plastiques, c'est-à-dire outre l'étude
d'après les chefs-d'œuvre de l'antiquité et le modèle nu, n'est-il pas
nécessaire aujourd'hui de faire aux jeunes artistes peintres et sculpteurs
un cours sérieux d'archéologie?

11 faut ici s'expliquer : l'étude de l'archéologie ne serait nullement
nécessaire aux peintres et sculpteurs si cette science était enfermée entre
les quatre murailles d'une société de savants. Les grands maîtres du
moyen âge et de la Renaissance n'étaient pas archéologues, ce qui ne les
a pas empêchés de faire des chefs-d'œuvre. Thésée, vêtu d'un tonnelet et
coiffé d'un casque couvert de plumes d'autruche, n'ôtait rien au mérite
de la tragédie de Racine. Mais si personne ne trouvait à redire au tableau
des Noces de C'ana, dont tous les personnages sont vêtus en Vénitiens du
xvi" siècle, non plus qu'à Titus coiffé d'une perruque à la Louis XIV, ces
licences ne sont plus permises aujourd'hui. L'archéologie n'est plus seu-
lement une science spéculative, c'est un fait; ce n'est pas assez d'en tenir
compte, il faut en profiter, il faut s'en servir. Si la peinture ne met
qu'un pied dans le domaine de cette science, elle perd cette candeur qui
nous charme dans les œuvres des anciens maîtres et ne satisfait pas
notre esprit. Il faut être tout à fait archéologue ou ne pas s'en mêler. Ce
 
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