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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 6
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Stern, Daniel: Titien a la Galerie de Florence
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0576

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GAZETTE DES BEAUX - ARTS.

ment, <Tatlitu.de, qu'imprime à l'argile humain le souffle de Dieu. Ne
parlons ici que des plus illustres en ce genre. Van Dyck a peint le
patiïciat moderne, la personnalité calme, un peu triste et surtout fière
du grand seigneur, de la grande dame, de l'enfant aristocratique ou de
bonne maison, qu'il a représentés magnifiquement vêtus, qu'il nous
montre dans la maison, à cheval, — la maison, le cheval, images et pri-
vilèges de la vie noble. — Il obtient, par des moyens particuliers, des
effets grandioses. Rubens,. Rembrandt, Vélasquez, Véronèse, en jouant
avec la lumière, trouvent sous leur pinceau d'autres effets non moins
admirables; Léonard surprçnd les mystères les plus intimes de l'orga-
nisation humaine; on dirait qu'il a pénétré la secrète union de l'esprit
avec la matière. Raphaël, dans le portrait de Léon X, atteint une perfec-
tion au delà de laquelle on n'imagine rien ; mais dans chacun de ces
maîtres, quelque chose du travail de l'esprit, un certain parti pris de la
volonté se fait sentir encore; tandis que les figures de Titien, par un don
merveilleux, vous communiquent aussitôt l'entière liberté de la pensée
qui les a créées et qui semble, comme la nature elle-même, produire la
vie, la multiplier, la varier, sans effort et sans lassitude.

L'art, on l'a dit avec justesse, c'est le choix. La délicatesse, la sûreté,
mais aussi'la promptitude de ce choix font le maître; et cette prompti-
tude, cette prodigieuse spontanéité, où la trouverons-nous plus manifeste
que dans l'innombrable série de portraits que le pinceau de Titien a fait
surgir de la toile? Nul souci de la décoration, de cette mise en scène,
comme on dirait aujourd'hui, dont Van Dyck eut le génie, et qui fait la
préoccupation ridicule de nos portraitistes modernes. Titien prend les
gens comme ils sont, au moment où il les voit. La plus entière simplicité,
comme la plus extrême opulence, l'action ou le repos, la lumière ou
l'ombre, tout lui est bon, tout lui plaît, tout se compose de soi-même à
sa vue; l'harmonie naît de son regard; et'cette harmonie nous enchante
toujours, soit qu'elle se révèle à nous sur le beau sein nu de Flora,
soit qu'elle résonne sur la poitrine cuirassée du fier Giovanni délie bande
nere.

C'est pour moi un prodige toujours nouveau que l'exécution de
Titien : cette exécution si large, si magistrale, qu'elle s'impose de très-
loin, commande l'attention, vous contraint d'approcher, et, à mesure que
vous êtes plus proche, vous étonne par une finesse, par une perfection
qui défie l'examen, autant que la plus exquise miniature. Voyez cette
belle Flora, placée si heureusement aux U/fizii, dans la seconde salle
vénitienne, et que. vous apercevez dès l'entrée de la première salle ;
comme elle fascine votre œil et votre pensée ? pourtant, quoi de plus
 
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