Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Stern, Daniel: Titien a la Galerie de Florence
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0579

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
TITIEN A LA GALERIE DE FLORENCE.

559

reux et conforme aux lois de la physiologie ; offrir enfin à l'adoration de
l'univers un type dont toutes les perfections terrestres rassemblées ne
suffiraient point à rendre l'essence divine, quel problème pour un art
aussi rationaliste que l'art florentin, pour des hommes de science, dans
une époque de foi; pour des Léonard, pour des Michel-Ange! Partie d'un
doute sur la beauté même du type qu'elle devait consacrer; hésitant
avec les Pères et les Docteurs; subissant longtemps, avec l'inhabileté des
peintres, la laideur sacrée du Sunlo volto et de ces images que l'on a
nommées archéiropoiètes} la liberté des artistes de la Renaissance était
retenue dans une donnée peu favorable à la franchise du pinceau. Ce que
la mémoire légendaire du peuple avait le mieux retenu de la grande
apparition du Christ, sa douceur, sa patience, fut aussi ce que l'art ita-
lien exprima le mieux. Dans les compositions à fresque, sur bois, sur
toiles, dont les récits évangéliques fournissent le sujet et que l'inépui-
sable fécondité de l'art florentin a prodiguées ici pendant deux siècles, la
ligure de Jésus-Christ, toujours à peu près la même, reste seule à part,
dans une certaine convention, et, pour ainsi dire, en dehors du progrès,
' quant à l'expression du moins. Le Christ des deux Cenacoli fameux que
je viens de voir à San Onofrio et à San Salvi, celui de Léonard môme,
dans la fresque de Milan, qu'il laissa;, dit-on, volontairement inachevée
en reconnaissant son impuissance, ne s'éloignent guère, par la timidité
de la conception, des Christ de Giotto ou de Taddeo Caddi. Quand
Michel-Ange veut faire le Christ terrible, il ne réussit qu'à le faire brutal.
Seul, à mon sens, seul, depuis Masaccio dont la hardiesse n'a pas été
assez remarquée, le fier Titien a fait un Christ acceptable pour la tradi-
tion sans doute, mais nouveau, mais v éritablement inventé. 11 a fait le
■Jmte, sa beauté virile et douce, toute pénétrée de cette sérénité d'àme
que lui donne la conscience d'une grande mission accomplie; toute
rayonnante de cette vertu intérieure, qui attire à elle le respect et
l'amour, la raison et la foi, mais qui repousse, il faut le dire, ces petits
apitoiements, ces dévotes compalissànces dont les images vulgaires de
Jésus sont l'objet dans les pratiques et les tendresses mesquines d'un
culte subalterne.

1) A A 1 Ji I. S TE UN.
 
Annotationen