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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 6
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Leclercq, Émile: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0581

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CORRESPONDANCE DE BRUXELLES.

561

aux maîtres du passe. La Gazelle des Beaux-Arts a publié à différentes époques des
articles qui rendaient justice au choix du gouvernement dans ses acquisitions de
tableaux anciens. Les panneaux des Van Eyck représentant Adam el Eve, la Légende
du comle, deux tableaux de Thierry Stuerbout, la Collation, de G. Metsu, etc., etc.,
ont enrichi le musée de Bruxelles depuis quelques années et lui ont donné un attrait
et un intérêt nouveaux; enfin un portrait de Ferdinand Bol, représentant Saskia,
femme de Rembrandt, vient d'être placé dans le compartiment du musée destiné aux
œuvres des maîtres hollandais.

Ce portrait vient de Paris. C'est M. W. Biirger qui l'a vendu au gouvernement belge.
R provient, assure-t-on, d'une galerie particulière où sa beauté n'avait point été fort
admirée et où l'on ne paraissait pas en reconnaître la réelle valeur. Ici les artistes en
sont tout à fait séduits ; ils le placent parmi les meilleurs morceaux de Ferdinand Bol.
L'aspect en est rembranesque : lumières à la fois vives et douces, clair-obscur
exprimé simplement, force et harmonie du ton, tout fait songer à Rembrandt au pre-
mier regard; mais la facture est à la fois plus mince et plus lourde que celle du maître.
La beauté de ce portrait réside surtout dans la réalité extraordinaire de la forme —
réalité un peu grossière dans les mains — et l'expression rayonnante do la physiono-
mie. Bol n'a guère été mieux inspiré que par la femme de son maître. Nulle part son
modelé n'est aussi serré que dans cette tête vivante; nulle part aussi il ne s'est montré
plus sobre d'exagérations, soit en ces contours fermes qui no montrent aucun dédain
de la vérité, soit en ces tons sans violence qui s'harmonisent entre eux, malgré des
rouges assez vifs,aussi bien qu'une grisaille peinte par un coloriste. Saskia est tournée
de trois quarts à droite et regarde le spectateur. Ses mains sont simplement posées
l'une sur l'autre. Le bel exemple pour nos portraitistes à la mode, qui no savent être
simples sans prétention, ni sobres sans le montrer par quelque maladroite réclame affi-
chée sur le tableau même, et qui dit en termes clairs : « Regardez donc combien je
suis modeste ! »

Outre ce portrait de Bol, le gouvernement vient d'acheter pour le Musée moderne,
qui avait bien besoin de ce renfort pour être présentable, quatre tableaux intéressants
à des titres divers. C'est la Fiancée, de M. Florent Willems, les Raisins, do M. Robie,
la (Iravière abandonnée, do M. de Knyff, et la Diligence de Liège à Avion, de
M. Ch. T'schaggeny.

On connaît à Paris M. Willems, dont le talent a depuis longtemps déjà été natu-
ralisé français. La Fiancée est un de ses tableaux les mieux venus, dans ce genre
coquet, délicat, élégant et excessivement propre qui le caractérise. Le cadre renferme
trois jeunes femmes; une d'elles, au milieu do la toile, en profil, vêtue de satin blanc,
laisse attacher son voile par une amie vêtue de satin vert, tandis qu'une autre amie
vêtue de satin rose examine où elle va placer un petit bouquet de fleurs d'oranger
qu'elle tient délicatement de la main droite. Tout est peint avec une adresse rare et
une miraculeuse propreté; les salins chatoient, le parquet n'est pas souillé par un brin
de poussière, les chairs des jeunes femmes sont aussi satinées que les robes. Los jolies
créatures., si elles pouvaient vivre ! Lo bel appartement, s'il y passait do l'air ! Le Musée
moderne belge devait posséder une œuvre do M. Willems, qui plus tard marquera
dans l'école comme une singularité. L'acquisition est donc excellente.

M. Robie est un peintre de fleurs et de fruits que le décor paraissait devoir bientôt
« gàlcr » ; mais son exécution ne se ressent point du « brio » trop facile que néces-
sitent ordinairement les commandes industrielles. Les Raisins sont une œuvre de pre-
 
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