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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 6
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Livres d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0584

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564

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

chacune de ces ligures une notice spéciale et généralement instructive. Mais ces
notices, au point de vue historique, laissent quelque peu à délirer. II faut reconnaître
que le principal, dans l'intéressant album de l'archéologue normand, ce sont les
planches, et nous devons y insister.

M. Le Métayer, pour prix de ses investigations assidues, a réellement découvert un
procédé nouveau de reproduction. Nous croyons pouvoir appliquer ce terme à l'ingé-
nieux emploi de moyens connus avant lui, mais qu'il a très-habilement combinés et
mis en œuvre. M. Masselin prend du papier mince et légèrement collé; lui-même nous
révèle généreusement ces utiles et intéressants détails. Ce papier, d'une teinte analogue
aux originaux, est trempé à grande eau dans un sceau, puis étendu sur la dalle gravée,
qu'il s'agit de reproduire. La colle soutient le papier, landis que l'humidité lui donne
la souplesse nécessaire. On estampe ensuite, en frappant avec une brosse, de telle
sorte que le papier, entrant dans les moindres creux, épouse toutes les éminences et
toutes les dépressions de la pierre. On gomme ensuite la surface avec un bain de gomme
arabique fondue dans de l'eau, dont on enduit tout l'estampage. Puis tous les creux
sont repoussés au pinceau, à l'encre de Chine, de manière que les intailles se distin-
guent en noir, tandis que les reliefs restent blancs ou intacts. Ce dessin se tire ensuite
au daguerréotype, sur papier. Il fournit autant d'estampes qui reproduisent, avec beau-
coup de charme et do vivacité, les moindres finesses des originaux. Tel est, en bloc, le
procédé employé par M. Le Métayer-Masselin. Il a su y joindre mille restitutions acces-
soires et dos plus heureuses.

Les Dalles lumulaires sont un livre établi avec un luxe élégant et généralement
heureux.

L'auteur, déjà artiste lui-même et par goût et par les belles planches qu'il a créées,
s'est adjoint en outre un artiste de profession. M. X. Hellouin, qui a exposé de grands
et beaux fusains au dernier Salon, a dessiné pour ce somptueux in-quarto des lettrines
d'un style haut et distingué. C'est une suite de compositions qui rappellent la peinture
d'IIolbein au pontdeBûle et les danses macabres. Chacune de ces grandes lettres pré-
cède un chapitre et lui sert d'ouverture ou de frontispice. La Mort joue dans toutes
nvariablement son rôle. Ici c'est la lettre D : une belle jeune fille s'avance, rêveuse; la
Mort l'accompagne et lui fait franchir ou sauterie pas. Ailleurs, trois moines agenouil-
lés sont en prières; la Mort, d'un coup de faux, s'apprête à les coucher tous trois
comme des brins d'herbe. Plus loin, la Mort grave elle-même une des épitaphes qu'a
recueillies M. Le Métayer. Dans le frontispice do l'introduction, où se remarque une
dame du xvie siècle, agenouillée, d'un style charmant et de belle tournure, la Mort
enseigne tous les ordres : noble, bourgeois, évêque, moine et paysan.

En somme, l'œuvre de M. Le Métayer-Masselin est une entreprise très-habile et
très-méritoire qui se recommande de tout point au public ami de l'art et de l'histoire.

A. V.-V.

Le directeur : EDOUARD IIOUSSAYE.
 
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