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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 21.1866

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Nr. 1
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Blanc, Charles: Salon de 1866, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19278#0035

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SALON DE 1866.

29

idées fausses qui s’écrivent avec tant de légèreté sur ces questions si
intéressantes, pourtant, et si belles, il est des raisonnements spécieux
qui valent au moins qu’on s’y arrête pour les combattre, bien qu’ils soient
depuis longtemps réfutés par l’exemple des grands maîtres et condamnés
par les lois du goût, ce qui revient à dire par le bon sens cultivé, épuré et
affiné. Un de ces raisonnements consiste à dire que l'art, devant être
l’expression pure et simple de la société, n’a rien de mieux à faire que
de représenter ce qui est, de le représenter tel quel, et de se promener
dans le monde présent comme un miroir qui en réfléchirait les formes
vivantes ou inertes, les mœurs et les paysages, l’intérieur et l’extérieur,
les hommes et les murailles, les personnes et les choses. En dehors de
cette unique mission qu’il se donnerait d’imiter ce qu’il a sous les yeux,
de copier ce qu’il rencontre, et d’être historique avant l’histoire, l’art ne
serait rien. Quelques-uns même, conseillés par un patriotisme de clo-
cher, voudraient que tout artiste fût exclusivement de son pays et le lais-
sât voir ; que la peinture et la sculpture fussent locales ou tout au moins
nationales, de sorte que chaque ouvrage eût le caractère de son époque,
portât en lui la date de sa naissance et comme l’estampille de sa
province.

Cette manière d’envisager la question n’est ni large, ni élevée, ni
poétique, ni bien vraie au fond, ni bien neuve. Elle confine la peinture
dans le relatif; elle réduit le peintre au rôle d’imitateur; elle ramène
l’art aux faiblesses de son enfance ou le fait retomber dans sa décrépi-
tude. Elle supprime de l’histoire toute cette période de brillante florai-
son et de jeunesse virile, où ont été créées les œuvres les plus grandes,
les plus fameuses, les plus durables. Elle condamne l’artiste à rester
dans les conditions inférieures du genre, du paysage et de l’histoire ha-
billée. Elle méconnaît enfin sa plus haute destination qui est la liberté,
car le peintre n’est pas seulement un secrétaire docile écrivant sous la
dictée de la nature; sa mission est de découvrir au sein du réel quelque
chose de supérieur à la réalité, une beauté qui est au-dessus de la beauté
vraie, comme l’a dit un ancien : pulchriludinem quœ esL suprà vcrarn.

Sans doute la peinture peut briller à ce second rang, puisque l’école
de Hollande tout entière y a produit ses petits chefs-d’œuvre. Mais
quelque charmante, quelque précieuse qu’elle soit, cette école ne sau-
rait être comparée à celles de Florence, de Milan, de Rome, de Venise.
Paul Potter, Ruisdael, Terburg, Metsu, Van der Helst, Van deVelde, ont
parlé avec une grâce ineffable le seul idiome de leur patrie. Mais Léonard
de Vinci, Michel-Ange, Raphaël, Titien, Corrége ont parlé une langue
qui ne saurait vieillir, la langue impérissable du genre humain. Et celui
 
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