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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 21.1866

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Nr. 3
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 3, Peinture, 16-17: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.19278#0238

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

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forte raison l’homme, qui, résumant toutes les créations antérieures, les
a couronnées par l’intelligence et les domine par la liberté.

D’ailleurs, si la grandeur du peintre se mesure à la difficulté de l’en-
treprise, quelle différence entre la copie d’une pierre sans forme ou d’une
plante sans proportion, dont personne ne pourra vérifier la ressemblance,
et l’imitation d’un corps proportionné et symétrique, soumis de toute
éternité aux lois d’un rhythme divin, et en qui cependant la symétrie est
constamment rompue par le mouvement ou rachetée par l’équilibre.
L’art est-il le tableau de la vie? Rien n’y peut être alors plus intéressant
que la figure humaine, puisque l’homme est la plus vivante des créa-
tures. L’art est-il la manifestation du beau? La figure humaine est encore
l’objet le plus noble de ses études, puisque les animaux n’ayant que du
caractère, l’homme est le seul être capable d’atteindre à la beauté.
Quelle que soit donc la définition de l’art, il existe dans ses œuvres des
modes inférieurs et des modes supérieurs, selon que les objets représen-
tés seront plus ou moins doués de vie.

Cette vérité peut s’exprimer d’une autre façon. Plus l’imitation rigou-
reuse sera nécessaire dans un tableau, plus il s’approchera des modes
inférieurs; au contraire, plus les choses à imiter seront susceptibles
d’interprétation, plus la peinture s’élèvera.

Prenons quelques exemples :

Tous les jours nous rencontrons dans les rues de Paris des enseifgnes
de marchands qui nous arrêtent par la vérité singulière des imitations
qu’on y a peintes. Tantôt ce sont des chapeaux d’hommes dont le creux
fait illusion, tantôt ce sont des casques, des sabres, des gibernes, qui
se détachent en trompe-l’œil sur la devanture. Quelquefois, des peintres
en bâtiments exposent des panneaux d’acajou, de chêne ou d’érable,
imités avec une telle perfection, que l’ébéniste lui-même pourrait s’y mé-
prendre. Chacun pourtant est averti que ces imitations ne sont pas
l’œuvre d’un artiste, mais le travail d’un ouvrier.

Viennent des peintres, de vrais peintres, comme nous l’entendons, et
supposons, si l’on veut, qu’ils s’appellent Roland de La Porte et Chardin,
et qu’ils se plaisent à représenter ce qu’on nomme la nature morte, c’est-
à-dire des ustensiles de cuisine ou de salle à manger, des fruits, des pro-
visions, des objets mobiliers, ce qu’il y a de plus ordinaire dans l’intérieur
d’une maison. Moins artiste que Chardin et moins intelligent, Roland de
La Porte fera un tableau où il réunira, par exemple, une jatte pleine de
pêches, une tasse avec sa soucoupe, une bouteille de ratafia, des mor-
ceaux de sucre, une boîte à café de fer-blanc, une carafe d’eau, des mies
 
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