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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 21.1866

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Nr. 4
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Thoré, Théophile: Van der Meer de Delft, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19278#0310

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298

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

côté de Pieter de IIoocli et de Metsu, dans le voisinage de Rembrandt.

A mon tour, je vous dédie mon sphinx, que vous reconnaîtrez pour
un ancêtre des artistes amoureux de la Nature, qui la comprennent et
qui l’expriment dans son attrayante sincérité.

Au musée de La Haye, un paysage superbe et très-singulier arrête
tous les visiteurs et impressionne vivement les artistes et les raffinés en
peinture. C’est une vue de ville, avec un quai, une vieille porte en
arcade, des bâtiments d’une architecture très-variée, des murs de jar-
dins, des arbres, et, en avant, un canal, une bande de terrain et
plusieurs figurines. Le ciel gris argentin et le ton de l’eau rappellent un
peu Philip Koninck. L’éclat de la lumière, l’intensité de la couleur, la
solidité des empâtements en certaines parties, l’effet très-réel et cepen-
dant très-original, ont aussi quelque chose de Rembrandt.

Lorsque je visitai pour la première fois les musées de la Hollande,
vers 1862, cette peinture étrange me surprit autant que la Leçon d’ana-
tomie et les autres Rembrandt, très-curieux, du musée de La Haye. Ne
sachant à qui l’attribuer, je consultai le catalogue : « Vue de la ville de
Delft, du côté du canal, par Jan van der Meer de Delft. » Tiens! en
voilà un que nous ne connaissons pas en France, et qui mériterait bien
d’être connu !

Même après avoir vu la llonde de nuit, les Syndics et les autres mer-
veilles du musée d’Amsterdam, je rapportai à Paris le souvenir ineffa-
çable de ce chef-d’œuvre, — par van der Meer de Delft? Soit! En ce
temps-là, nous regardions tous la peinture pour le plaisir des yeux et
pour en écrire de belles descriptions, sans trop nous tourmenter de l’his-
toire de l’art et des artistes.

Plus tard, encore avant 1868, étant retourné plusieurs fois en Hol-
lande, j’eus occasion de visiter aussi les principales galeries particulières,
et chez M. Six van Hillegom, — l’heureux possesseur du célèbre portrait
de son aïeul, le bourgmestre Jan Six, par Rembrandt, — voilà que je
trouvai encore deux peintures extraordinaires : une Servante qui verse
du lait et la Façade d’une maison hollandaise, — par Jan van der Meer
de Delft! — Le terrible peintre! Mais, après Rembrandt et Frans Hais, ce
van der Meer est donc un des premiers maîtres de toute l’école hollan-
daise? Gomment ne sait-on rien d’un artiste qui égale, s’il ne surpasse,
Pieter de Hooch et Metsu?
 
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