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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 21.1866

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Nr. 5
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Thoré, Théophile: Van der Meer de Delft, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19278#0475

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VAN DER MEER DE DELFT.

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tout comme Rembrandt et Frans Hais. Lion, aigle, papillon, chêne, vio-
lette, rubis, émeraude, ont titre égal dans la création.

11 faut, s’il vous plaît, que nous acceptions van der Meer de Delft
dans cette pléiade des « petits maîtres » hollandais, et comme leur
égal. Gomme eux, il est naturellement original, et ce qu’il a fait est
parfait.

De quoi se compose son œuvre? D’abord, de scènes familières, repré-
sentant les mœurs de son époque et de son pays; ensuite, de vues prises
dans l’intérieur des villes, simples fragments de rues, parfois un simple
portrait de maison; enfin, de paysages où l’air et la lumière circulent
comme dans la nature.

De ses tableaux à figures, nous en connaissons maintenant une ving-
taine, qui se classent à côté des tableaux de Metsu, de Terburg, de
Pieter de Hooch et de Jan Steen. Mais van der Meer a plus d’accent que
Metsu, plus de physionomie que Terburg, plus de distinction que Jan
Steen, plus d’étrangeté que Pieter de Hooch. Avant peint d’abord quel-
ques figures de grandeur naturelle, comme dans la Courtisane du musée
de Dresde, les figurines de ses petits tableaux ont toujours conservé une
certaine tournure délibérée dans leur ingénuité. Le soldat du tableau de
M. Double, ainsi qu’on peut le voir dans la superbe eau-forte de M. Jac-
quemart, a l’air d’un personnage peint par un maître vénitien, ou par
Rembrandt. J’ai possédé un moment la Dévideuse, qui est retournée en
Angleterre, d’où elle était venue. On eût dit un Rembrandt pâle, ou un
chef-d’œuvre de Nicolas Maes dans sa grande manière. La Laitière, bien
que dans la proportion des figurines habituelles à Terburg, est peinte
aussi amplement qu’une grande figure de Rembrandt.

Van der Meer affectionnait surtout les figures seules : la Laitière, la
Dévideuse, la Jeune femme au clavecin et la Jeune femme qui se pare,
reproduites en gravure dans la dernière livraison, l’autre Pianiste de la
galerie de Pommersfelden, la Liseuse du musée de Dresde et la Liseuse
du musée van der Hoop, la Guitariste de la collection Cremer, la Den-
tellière de la collection Blokhuyzen, les deux Géographes de la galerie
Péreire, la Peseuse de perles de la collection Casimir Perier, la Servante
qui dort de la collection Hudtwalcker à Hambourg; ce tableau, assez
particulier dans l’œuvre de Vermeer, je l’ai maintenant, depuis la mort
de M. Nicolaus Hudtwalcker père : la figure de femme est entière, assise
sur une chaise, au milieu de la cuisine, non loin du foyer. Par extraor-
dinaire, l’intérieur est assez sombre, une faible lumière glissant d’une
lucarne haute. Beaucoup d’accessoires, qui rappellent un peu Kalf. La
servante elle-même, en caraco rouge, tablier blanc et jupon bleu, rap-
 
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