VAN DER MEER DE DELFT.
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analogies. Qui des deux a influencé l’autre? Lord Hertford, dans sa col-
lection de Manchester-House à Londres, possède un curieux et superbe
Jan Steen (?), qui pourrait être un van der Meer, d’autant plus que la
signature J. Steen, en lettres romaines, est fausse : c’est une Leçon de
musique, sujet particulièrement sympathique à Vermeer. Une jeune fdle,
assise devant son piano et vue de profil à droite, se détache sur une
muraille pâle; elle a une belle jupe citron. En face d’elle, le vieux musi-
cien qui donne la leçon se penche sur le piano, avec un geste animé,
pour reprendre quelque faute. La fillette joue mal..., elle pense à
l’amour, — aux Amours qui folâtrent au-dessus de sa tête dans un
tableau accroché au mur et mi-voilé par un rideau... Tout cela encore
ressemble bien à Vermeer!
Pour les Ruelles, nous n’avons jamais rien rencontré qui se rattachât
à Vermeer; une fois seulement, à la vente Gustav Fincke, à Bamberg,
près Nürnberg, il y avait derrière un meuble, dans l’ombre d’une alcôve,
un tableau catalogué « Gerhard Berckheiden : Vue d’une rue dans une
ville hollandaise. » On vendait les objets en place, et j’ai acheté le tableau
sans l’avoir vu au grand jour, supposant que je tenais encore une Ruelle
de Vermeer. C’est Vermeer, à s’y méprendre, même de près; plus faible
et plus froid cependant. En étudiant la peinture, j’y ai trouvé une signa-
ture très-correcte : I. vrel. Ce nom n’est guère hollandais, ni d’aucune
langue. Est-ce une abréviation, une contraction? je ne sais. Toujours
la peinture est-elle d’un ancien sectateur de Vermeer, et qui l’imite avec
une exactitude scrupuleuse. Sauf ce I. vrel, et sauf le Daniel Vosmaer,
dont nous avons cité les Vues de Delft lors de l’explosion de la pou-
drière en 165A, aucune autre trace d’artistes qui puissent procéder de
van der Meer comme peintres de rues et de maisons.
Mais van der Meer a été copié assez souvent par les Hollandais. J’ai
vu à Haarlem, chez M. Quarle, et ensuite à Paris, chez M. Meffre, une
belle copie du tableau de La Haye, faite, il y a environ cinquante ans,
par un peintre nommé Hendricks. Ce Hendricks et un autre artiste
nommé Vinkeles ont laissé diverses copies très-habiles de notre maître.
A la vente de Vos, Amsterdam, 1833, un dessin de Vinkeles, d’après une
peinture de Vermeer: «Jeune femme près d’une table, avec des mets, »
atteignit 150 florins! Le savant expert d’Amsterdam, feu Brondgeest,
aimait aussi à copier van der Meer, et M. de Gruyter, à Amsterdam, pos-
sède encore deux beaux dessins de Brondgeest d’après des Ruelles de Ver-
meer, qui doivent être maintenant en Angleterre. On peut voir aussi
chez un des directeurs du musée d’Amsterdam, amateur passionné de
son école hollandaise, mon digne ami, M. Praetorius, une superbe copie
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analogies. Qui des deux a influencé l’autre? Lord Hertford, dans sa col-
lection de Manchester-House à Londres, possède un curieux et superbe
Jan Steen (?), qui pourrait être un van der Meer, d’autant plus que la
signature J. Steen, en lettres romaines, est fausse : c’est une Leçon de
musique, sujet particulièrement sympathique à Vermeer. Une jeune fdle,
assise devant son piano et vue de profil à droite, se détache sur une
muraille pâle; elle a une belle jupe citron. En face d’elle, le vieux musi-
cien qui donne la leçon se penche sur le piano, avec un geste animé,
pour reprendre quelque faute. La fillette joue mal..., elle pense à
l’amour, — aux Amours qui folâtrent au-dessus de sa tête dans un
tableau accroché au mur et mi-voilé par un rideau... Tout cela encore
ressemble bien à Vermeer!
Pour les Ruelles, nous n’avons jamais rien rencontré qui se rattachât
à Vermeer; une fois seulement, à la vente Gustav Fincke, à Bamberg,
près Nürnberg, il y avait derrière un meuble, dans l’ombre d’une alcôve,
un tableau catalogué « Gerhard Berckheiden : Vue d’une rue dans une
ville hollandaise. » On vendait les objets en place, et j’ai acheté le tableau
sans l’avoir vu au grand jour, supposant que je tenais encore une Ruelle
de Vermeer. C’est Vermeer, à s’y méprendre, même de près; plus faible
et plus froid cependant. En étudiant la peinture, j’y ai trouvé une signa-
ture très-correcte : I. vrel. Ce nom n’est guère hollandais, ni d’aucune
langue. Est-ce une abréviation, une contraction? je ne sais. Toujours
la peinture est-elle d’un ancien sectateur de Vermeer, et qui l’imite avec
une exactitude scrupuleuse. Sauf ce I. vrel, et sauf le Daniel Vosmaer,
dont nous avons cité les Vues de Delft lors de l’explosion de la pou-
drière en 165A, aucune autre trace d’artistes qui puissent procéder de
van der Meer comme peintres de rues et de maisons.
Mais van der Meer a été copié assez souvent par les Hollandais. J’ai
vu à Haarlem, chez M. Quarle, et ensuite à Paris, chez M. Meffre, une
belle copie du tableau de La Haye, faite, il y a environ cinquante ans,
par un peintre nommé Hendricks. Ce Hendricks et un autre artiste
nommé Vinkeles ont laissé diverses copies très-habiles de notre maître.
A la vente de Vos, Amsterdam, 1833, un dessin de Vinkeles, d’après une
peinture de Vermeer: «Jeune femme près d’une table, avec des mets, »
atteignit 150 florins! Le savant expert d’Amsterdam, feu Brondgeest,
aimait aussi à copier van der Meer, et M. de Gruyter, à Amsterdam, pos-
sède encore deux beaux dessins de Brondgeest d’après des Ruelles de Ver-
meer, qui doivent être maintenant en Angleterre. On peut voir aussi
chez un des directeurs du musée d’Amsterdam, amateur passionné de
son école hollandaise, mon digne ami, M. Praetorius, une superbe copie