DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Desprez, Louis: Les grands collectionneurs
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LES GRANDS COLLECTIONNEURS.
183
ou monogrammes, et la description des armoiries que les grands collectionneurs ont
laissés sur leurs exemplaires. On n’a donc point affaire, comme le mot armorial pour-
rait le foire supposer, à un ouvrage traitant de la noblesse; c’est bel et bien une
histoire du livre depuis la découverte de l’imprimerie. Toutes les marques imaginées
pour orner et distinguer les couvertures des volumes s’étalent à chaque page du réper-
toire de M. Joannis Guigard, précédées d’une rapide et substantielle notice sur chaque
amateur. Ces figures sont au nombre de près de 1,500, et beaucoup d’entre elles,
outre l'intérêt qu’elles offrent pour l’histoire de l’ornement, ont encore le mérite de
nous initier aux mœurs, au caractère, à la vie intime de l’amateur qui a lui-même
composé son blason1.
Et à ce propos, nous ouvrons le recueil au hasard et nous tombons sur Longe-
pierhe, s un de ces petits prodiges qui, ’a l’âge où l’on joue aux quilles, nous dit
XArmorial, étonnent le monde par leur précocité et qui plus tard ne’ font que de
MARQUE UE J. - B. COLBERT
Marquis de Seignelay.
médiocres individualités ». Auteur de plusieurs tragédies qui n’eurent aucun succès,
il fut tellement surpris do l’accueil favorable que le public fit à l’une d’elles, Médée,
a qu’il ne voulut avoir d’autre signe héraldique sur ses livres que la Toison d'or,
afin de porter jusqu’à ses derniers neveux le souvenir d’un fait aussi rare ». Presque
oublié aujourd’hui comme auteur dramatique, Longepierre bibliophile est resté en
grand renom parmi les amateurs.
Nous feuilletons encore au hasard et nous rencontrons Grolier qui, lui, n’a pas
fait de tragédies, et dont la bibliothèque, composée d’environ 3,000 volumes, devint
successivement la propriété d’Émeric de Vie, de Dominique de Vie, archevêque d’Auch,
de J.-A. de Thou, Pierre Pithou, Paul Petau, Ballesdens et du chancelier P. Séguier.
Ailleurs c’est Jean-Baptiste Colbert, dont la riche bibliothèque comptait plus de
8,000 manuscrits rares et précieux. « Parmi eux étaient deux livres qui ont figuré au
1. Toutes celles qui sont disséminées dans le cours de cet article appartiennent à VArmorial du
Bibliophile et témoignent du soin de leur exécution.
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ou monogrammes, et la description des armoiries que les grands collectionneurs ont
laissés sur leurs exemplaires. On n’a donc point affaire, comme le mot armorial pour-
rait le foire supposer, à un ouvrage traitant de la noblesse; c’est bel et bien une
histoire du livre depuis la découverte de l’imprimerie. Toutes les marques imaginées
pour orner et distinguer les couvertures des volumes s’étalent à chaque page du réper-
toire de M. Joannis Guigard, précédées d’une rapide et substantielle notice sur chaque
amateur. Ces figures sont au nombre de près de 1,500, et beaucoup d’entre elles,
outre l'intérêt qu’elles offrent pour l’histoire de l’ornement, ont encore le mérite de
nous initier aux mœurs, au caractère, à la vie intime de l’amateur qui a lui-même
composé son blason1.
Et à ce propos, nous ouvrons le recueil au hasard et nous tombons sur Longe-
pierhe, s un de ces petits prodiges qui, ’a l’âge où l’on joue aux quilles, nous dit
XArmorial, étonnent le monde par leur précocité et qui plus tard ne’ font que de
MARQUE UE J. - B. COLBERT
Marquis de Seignelay.
médiocres individualités ». Auteur de plusieurs tragédies qui n’eurent aucun succès,
il fut tellement surpris do l’accueil favorable que le public fit à l’une d’elles, Médée,
a qu’il ne voulut avoir d’autre signe héraldique sur ses livres que la Toison d'or,
afin de porter jusqu’à ses derniers neveux le souvenir d’un fait aussi rare ». Presque
oublié aujourd’hui comme auteur dramatique, Longepierre bibliophile est resté en
grand renom parmi les amateurs.
Nous feuilletons encore au hasard et nous rencontrons Grolier qui, lui, n’a pas
fait de tragédies, et dont la bibliothèque, composée d’environ 3,000 volumes, devint
successivement la propriété d’Émeric de Vie, de Dominique de Vie, archevêque d’Auch,
de J.-A. de Thou, Pierre Pithou, Paul Petau, Ballesdens et du chancelier P. Séguier.
Ailleurs c’est Jean-Baptiste Colbert, dont la riche bibliothèque comptait plus de
8,000 manuscrits rares et précieux. « Parmi eux étaient deux livres qui ont figuré au
1. Toutes celles qui sont disséminées dans le cours de cet article appartiennent à VArmorial du
Bibliophile et témoignent du soin de leur exécution.