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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 1
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0013

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ANTIQUITÉS ET CURIOSITÉS DE LA VILLE DE SENS.

les murailles des villes étaient sacrées et de droit divin; celles-ci ont
duré au delà du moyen âge. Abandonnées à mesure et de moins en moins
nécessaires, elles furent données par Louis XVI à la ville de Sens, en
1787, et plus tard une ordonnance royale du 2 décembre 1836 en au-
torisa l’aliénation complète à la seule réserve des antiquités au profit de
la ville. La partie supérieure, dont le blocage était comme toujours
revêtu d’un parement en petit appareil, traversé de chaînes horizontales
de trois rangs de grandes tuiles plates, ne donnait que des matériaux.

Il en était autrement du robuste soubassement, dont les assises régu-
lières sont formées de pierres énormes. Soigneusement ravalées à l’exté-
rieur, on avait mis à l’intérieur le côté gravé ou sculpté, ainsi noyé
dans la masse. On en a beaucoup perdu; le musée lapidaire n’existait
pas encore en 1845; un abri pour ces précieux restes n’a été décidé qu’a
la fin de 1848, et l’organisation actuelle, qui est plus qu’insuffisante, ne
date que de 1864; mais ce qu’on a sauvé, grâce aux efforts et au
dévouement de la Société archéologique, tout ce qui est là réuni, frag-
ments d’ornementation sculpturale, inscriptions entières ou mutilées,
portions de bas-reliefs, stèles funéraires, vient de la démolition des
murailles.

Il serait trop long de traiter ici, comme elle mériterait de l’être, et comme
on le pourrait faire aujourd’hui, la question de l’époque à laquelle ont
été construites les enceintes fortifiées des villes de la Gaule romaine.
Si elles ne sont pas toutes de la même année, toutes sont de la même
époque et sont nées du même besoin de défense; mais cette question
est trop importante à Sens pour ne pas être au moins indiquée.

L’ancienne opinion, encore trop acceptée et courante, partant de ce
fait incontestable qu’on retrouve dans la partie inférieure de toutes ces
murailles des fragments de monuments somptueux, des inscriptions
religieuses et des épitaphes funéraires, la chose sainte par excellence,
les attribuait aux chrétiens, peu soucieux de tous ces restes d une reli-
gion proscrite, et les descendait à l’époque des grandes invasions des
Barbares. L’opinion actuelle les remonte, au contraire; elle les place sous
l’administration romaine, et elle est de plus en plus disposée àles mettre
à une seule époque, en les considérant comme l’exécution d’un plan à
la fois nécessaire et général.

Pour Sens, la question est peut-être plus simple que pour aucune
autre ville. Sans parler du siège et de la prise de Sens, en 613, par Clo-
taire, roi de Soissons, l’histoire d’Ammien Marcellin nous donne un point
absolument fixe en nous apprenant qu’en 355 l’empereur Julien s’en-
ierma dans Sens, et, trop faible pour repousser les Barbares, put tenir

XXI. — 2“ PÉRIODE. ^
 
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