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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 1
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0025

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20

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sauvé ces intéressants débris, il faut encore les conserver. La Société d’ar-
chéologie de Sens a sauvé d’abord, —ce dont on ne saurait lui être trop
reconnaissant,—puis elle a fait connaître. Elle a publié dans ses Mémoires
un catalogue des inscriptions, qu’elle devrait bien faire réimprimer en
un petit volume. Un musée sans livret n’existe qu’à moitié, et l’on ne
peut pas demander à un visiteur de faire un livret ; ceux mêmes qui
en seraient capables n’en ont pas _le temps, et bien d’autres seraient
comme eux très enchantés de pouvoir emporter un souvenir auquel on
puisse avoir recours. Elle a même publié, en deux fascicules de trente
photogravures excellentes, dont le texte devrait ne pas être aussi court,
toutes les sculptures; il lui reste à publier de même les inscriptions, et
elle le doit d’autant plus qu’un livre inachevé ne se répand pas et reste
en quelque sorte inutile. Mais c’est à la ville de Sens qu’incombent, à
l’heure qu’il est, le salut et la durée de tant de trésors, car ils sont, il
faut le dire, dans des conditions déplorables et fatalement destructrices.

J’ai dit que le Musée lapidaire est dans le jardin de l’hôtel de ville.
Les pierres y sont réunies sous des hangars dont la construction n’aurait
été une bonne chose qu’à la condition de n’avoir été que très transitoi-
rement provisoire; mais il y a déjà beaucoup de mal, et du mal irrépa-
rable. Les pierres qui, après avoir été taillées à l’air, se sont trouvées,
comme celles-ci, enfouies et revenues à l’état de carrière, ne se com-
portent plus comme lorsqu’elles ont été travaillées pour la première fois.
La dureté de leur croûte disparaît et ne se reforme plus. Il faut donc les
préserver soigneusement de la pluie, de l’humidité et de la gelée. On a
rentré les monuments de la Dobrutscha, qui se seraient perdus dans le
jardin de la rue Yivienne ; on devrait de même trouver le moyen de ren-
trer tout ce qui est dans le jardin de l’hôtel Cluny et qui, sans cela, se
perdra infailliblement. A Sens, si l’on n’avise pas, et il n’est que temps,
avant vingt ans il ne restera pas une pierre intacte, et toutes ces merveilles
ne seront plus bonnes qu’à être jetées.

Cette question de la conservation de ces vieilles pierres, maintenant
faibles et sans défense, est très considérable. On conserve le bois en l’im-
prégnant d’huile de lin, mais on n’a rien trouvé pour la pierre. La sili-
catisation serait plutôt dangereuse, car, la pierre n’en étant pénétrée qu’à
la surface, au bout d’un certain temps la croûte nouvelle se soulève et
se détache. Y aurait-il lieu de faire des essais avec une composition où
entrerait de la cire en fusion ? Ce serait à voir, mais de toutes façons il
faut ne pas laisser exposées aux intempéries de notre climat les pierres
du Musée de Sens. Comme les poteaux de leurs hangars, elles s’enfon-
cent du pied dans la terre, dont elles pompent l’humidité ; quelques-unes
 
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