Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Adrien Brauwer, 2
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0039

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

3 b

pied et en action, comme il leur fait jouer la comédie dans des tavernes
qui n’ont pas la sévérité d’un temple, il n’a point à chercher les grands
cadres ; il sait que la page de petit format peut contenir beaucoup de
passion et de science. Nous essayerons de décrire quelques-unes des
compositions de Brauwer et d’en déterminer la caractéristique. On verra
que, pour un ivrogne, il a été terriblement sérieux.

Le Louvre d’abord. Indépendamment du Fumeur, la galerie Lacaze
nous met en présence d’un Brauwer authentique, Y Homme qui taille sa
■plume. C’est un panneau qui n’a pas vingt centimètres de hauteur. Yètu
d’une robe marron clair, coiffé d’un bonnet vaguement grotesque, un
honnête scribe est assis devant un pupitre. Il taille sa plume patiem-
ment, longuement, avec une conviction admirable. Ce petit tableau, qu’on
ne regarde peut-être pas assez, est destiné à devenir historique : il
raconte que la gent écrivassière, en changeant son outillage, est amenée
à modifier sa mimique; il fixe, pour nos neveux, le souvenir d’un geste
perdu. Il faut appartenir aux générations disparues, ou du moins dispa-
raissantes, pour se rappeler quelle était, avant l’invention de la plume
de métal, l’attitude presque religieuse du bureaucrate taillant sa plume
d’oie. Ce sont là des choses que nos enfants n’imagineraient pas si quel-
ques témoins des âges primitifs, Brauwer entre autres, n’avaient pas
conservé pour les races futures l’image du calligraphe convaincu. La
vérité absolue du mouvement, c’est là ce que Brauwer a cherché tou-
jours, ce qu’il a constamment trouvé. Ce petit tableau est aussi très
intéressant par la coloration : elle joue uniquement avec des bruns
chauds et des bruns clairs. J’appelle l’attention des délicats sur cette
peinture minuscule, qui mériterait d’être célèbre. Ici Brauwer égale
Adrien Van Ostade pour la mélodieuse chaleur du ton ; pour l’intensité
de l’expression, il le dépasse.

Je n’attache qu’un intérêt assez médiocre aux deux autres tableaux
de la collection Lacaze ; les affirmations du catalogue n’ont peut-être pas
toute la prudence requise. L’Intérieur de cabaret ne m’inspire qu’une
confiance limitée; quant à Y Opération, où l’on voit un chirurgien de
campagne pansant la plaie d’un paysan, tandis qu’un aide prépare une
compresse, c’est une copie assez molle d’un original que je n’ai pas
encore rencontré, mais qui doit être étrangement expressif. L’exemplaire
princeps paraît avoir enthousiasmé le xvne siècle : on en voit partout des
reproductions.

Avant la donation de M. Lacaze, le Louvre possédait déjà un Brauwer
qu’il ne faut point dédaigner, Y Intérieur de tabagie. L’œuvre n’est pas
d’une importance capitale. Vu de'dos et assis sur un baquet renversé, un
 
Annotationen