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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Mantz, Paul: Adrien Brauwer, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0049

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ADRIEN BRAUWER.

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accolées, et qui sont, dans leur note chaleureuse, de la qualité la plus
fine, ne font-elles pas penser aux « deux demi-figures » que Rembrandt
conservait dans son cabinet ? La galerie du Belvédère, à Vienne, possède
aussi un Brauwer de la plus parfaite authenticité. Assis près du feu, sur
un tonneau, un buveur, qui n’est pas très jeune, mais qui a gardé un
culte persistant pour les dieux de sa jeunesse, se montre de profil, la
bouche ouverte, comme la plupart des fumeurs dont l’artiste nous a
déjà révélé l’attitude. Il tient un pot et une pipe, et semble plongé dans
une double ivresse. Le monogramme AB est sur la panse du tonneau.
Dans les tons blond roux qui l’enveloppent, ce tableau est presque
monochrome, et il est exquis.

Dresde a également plusieurs Brauwer, entre autres une Rixe entre
deux paysans, dont l’un va briser un verre sur la tête de son camarade.
« Petit tableau, mais excellent », dit Waagen. Là aussi sont Deux
paysans assis à une table et quelques autres sujets analogues. Tous ces
Brauwer sont arrivés à Dresde, bien avant l’époque où l’on a essayé de
contrefaire le maître. Plusieurs sont déjà cités dans l’inventaire de 1722,
et la Rixe a été achetée en 1741.

Le catalogue de la galerie de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg (1863),
enregistre cinq Brauwer, dont Waagen parle avec éloge, et parmi lesquels
il en est deux — le Buveur et la Querelle dans un cabaret — qui viennent
de chez Crozat. Nous aurions bien dû les garder.

Ceci nous amène à dire que nous ne retrouvons pas dans les cata-
logues des musées étrangers plusieurs Brauwer qui, au xvme siècle,
étaient l'honneur des collections parisiennes. Celui que possédait
M. de Jullienne et qui fut vendu 2,500 livres en 1767 était évidemment
un tableau d’un intérêt capital. Pierre Rémy l’a décrit avec le plus
grand soin. U Estaminet ne comprenait pas moins de neuf figures. « C’est
un plaisir, dit le rédacteur du catalogue, de voir la joie qui est exprimée
sur les visages des fumeurs : un d’en Ire eux, vu par le dos, la tête de
profil, est assis sur une chaise ; il tient d’une main son bonnet et de
l’autre un pot à bière; sa pipe est mise à une calotte de laine qu’il
a sur la tête. Trois personnages se remarquent proche une cheminée. Ce
tableau, que nous estimons un des capitaux de Brauwer, donne des
preuves du sublime mérite de cet artiste. » Certes, c’est là un Brauwer
qu’il faudrait retrouver.

La Tabagie du cabinet de Randon de Boisset, vendue 2,400 livres en
1777, n’était pas moins importante. Pierre Rémy déclare carrément que
ce tableau est « le plus beau Brauwer que l’on connaisse ». On y voyait
trois fumeurs, comme dans l’exemplaire de la Pinacothèque de Munich,
 
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