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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Mantz, Paul: Adrien Brauwer, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0050

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mais disposés différemment. Brauwer y avait introduit une figure aimée,
celle du paysan qui, « penché sur le dos de sa chaise, rend la fumée du
tabac qu’il fume ». Dans le fond, une vieille femme parlant à une autre
femme qu’on apercevait par une fenêtre. Ce tableau reparaît à la vente
Clos, en 1812, et il ne se vend plus que mille francs. L’Empire a été
dur pour Brauwer et pour bien d’autres.

Mais tous les tableaux du peintre des « tabarins et des mommeries »
ne sont pas perdus. La Belgique en possède plusieurs. Si Anvers, à qui
Brauwer appartient par son affiliation à la gilde de Saint-Luc et par
sa mort, n’a rien à montrer de l’illustre peintre , le Musée royal
de Bruxelles a gardé une Dispute au cabaret, qui lui fut envoyée de
Paris en 1802; Burger a mentionné dans la collection de M. Dubus de
Gisignies un tableau qu’il croit pouvoir rattacher à la première manière
de Brauwer, à la manière qu’il considère comme hollandaise; enfin, fout
le monde connaît Y Intérieur de cabaret de la galerie d’Arenberg. C’est
la composition légendaire que Brauwer aurait peinte lorsqu’il était
enfermé dans la citadelle d’Anvers et qui, montrée à Bubens, aurait pro-
voqué la délivrance du prisonnier. On se rappelle le passage de Des-
camps. Brauwer, à qui l’on vient d’apporter des couleurs, avise dans la
cour des soldats espagnols qui jouent aux cartes et aux dés : il reproduit
la scène au bénéfice de son codétenu, le duc d’Arenberg. « Ce tableau,
ajoute le biographe, se voit encore chez les descendants de celte illustre
maison; il est un peu endommagé, parce que celui qui avait imprimé la
toile avait donné la première couche avec de la craie à la colle. »

Ce dernier détail est véritablement sublime. Le tableau de la galerie
d’Arenberg est peint sur bois, il ne représente pas le moins du monde des
soldats espagnols, il n’a pas du tout l’air d’avoir été fait en prison ; enfin
Burger, qui savait poser des questions, déclare que les souvenirs con-
servés dans la famille d’Arenberg ne confirment nullement la légende
traditionnelle. L’œuvre est d’une qualité superbe, et elle porte le mono-
gramme connu. Douze personnages. Des buveurs groupés dans une
taverne chantent et fument avec énergie. Au milieu, dans le fond, près
d’une cheminée, cinq figures, parmi lesquelles un homme qui embrasse
une femme. Ce détail est à noter, car il est rare, et nous n’avons pas
souvent rencontré dans Brauwer « la servante cajoliée » dont parlait
Florent Lecomte. Dans ce tableau de la galerie d’Arenberg, pas un type
qui ne soit du plus frappant caractère. La moindre physionomie, le
moindre geste font supposer une longue étude ou un puissant effort de
volonté.

Comment Brauwer procédait, nous le savons un peu par ses dessins.
 
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