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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 1
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: François Boucher par M. Paul Mantz
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0089

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82

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’un « fini » qui fait honneur à son respect involontaire de l’art. Mais,
en le mêlant à nouveau, par son inspection des Gobelins, à la confection
hâtive des modèles de tapisserie, la Pompadour préparait, sans le
vouloir, la décadence inévitable et irrémédiable de son peintre. Désor-
mais, pour satisfaire aux exigences quotidiennes d’un art qu’il aimait, où
sa fantaisie et son goût produisirent des chefs-d’œuvre décoratifs, auquel
il sentait d’instinct que les harmonies fondues, douces et molles de sa
peinture s’appropriaient à merveille, il allait répéter incessamment ses
pastorales et ses mythologies d’autrefois, les Aminte et les Sylvie, la
Bonne Aventure, 1 a Pêche, les Aurore etCépliale, les Vénus et Vulcain. Et
pourtant on ne peut dire que l’invention lui manquât à celui-là. Qui
pourrait compter les dessins de Boucher? Cette facilité inouïe et toujours
courante de conception et de crayonnage est peut-être le meilleur de
lui-même; cela et la grâce souple et rebondie, et bien à lui, de ce qu’on
a appelé ses « culs nus d’Amours ».

La critique d’art venait de naître, et elle a été terrible à Boucher; per-
sonne n’avait moins songé à la prévoir que lui, et personne n’était moins-
fait pour lui résister; personne n’avait moins pensé que ce galant faiseur
d’aimables choses à mettre dans ses œuvres de la raison et de la philosophie.
Boucher, jusque-là, avait eu affaire aux amateurs, lesquels visent d’abord
aux beautés et aux charmes avant de regarder aux défauts; par contre,
la critique d’art est un exercice littéraire, outré par nature, et par con-
séquent injuste, puisqu’il ne prend sa place et ne se fait écouter qu’en
regardant aux faiblesses avant de voir aux beautés. Cette sorte nouvelle
de littérature, qui ne pouvait ne pas éclore dans une époque où la dis-
cussion sortait de terre et se prenait à tout, la critique d’art, pour ses
débuts, avait beau jeu avec les Neptune et Amymone, les Jupiter et
Caliste, les Angélique et Médor} de la vieillesse prématurée du peintre.
Que vient-il faire encore aux salons de 1763, 65, 67 ? Eh bien quoi !
cruelles gens, il peint parce qu’il a peint; il dessine parce qu’il a dessiné,
et il peindra et dessinera jusqu’à sa dernière heure. Vous, Grimm, et
vous, Diderot, vous honnissez en lui un monde que vous prétendez
anéantir ; si vous étiez justes, vous vous souviendriez du maître de 17à0.
Et c’est parce qu’il s’en souvient, lui, que, même quand la Pompadour
a disparu, Louis XV, à la mort de Carie Vanloo, nomme Boucher son
premier peintre. Le nouveau titulaire ne gardera pas longtemps la
charge, car il mourra cinq ans après, et « s’occupera peu des détails de
la place » ; mais Louis XV a bien fait, car Boucher a été l'homme de son
règne. Boucher a été et restera le peintre de Louis XV, comme Louis XV
et la Pompadour ont été le roi et la reine de Boucher. 11 n’y a ni Vien
 
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