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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 1
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: François Boucher par M. Paul Mantz
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0092

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FRANÇOIS BOUCHER.

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thèques. Quant aux innombrables estampes qui le décorent, et qui sont
destinées à donner l’idée la plus complète du talent de Bouclier sous ses
faces infiniment variées, j’en veux dire ici brièvement mon avis, car elles
posent une question qui devra se représenter dans l’illustration de tout
livre de même nature. Confiées à un groupe de jeunes et intelligents
artistes, qui ont fait ailleurs leurs preuves et ont souvent traduit nos
maîtres contemporains avec une fidélité incontestable, elles présentent
dans leur ensemble un défaut peut-être inévitable : elles sont beaucoup
trop de leur siècle, et point assez de celui de Boucher. Leur coloris général
rappelle bien plutôt les tons vifs de Henri Levy ou de tel autre de nos
contemporains que la douce et claire harmonie un peu fade et le dessin
rond et moelleux de l’élève de Lemoyne. Le remède à cela? Je n’en con-
nais guère, car demander à de jeunes graveurs, imprégnés, bon gré
mal gré, des principes et des admirations de leur temps, de se faire, par
occasion passagère, et sans conviction, pasticheurs, pour la forme et l’es-
prit, d’un autre siècle dont l’éducation fut si différente de la nôtre, c’est
beaucoup exiger, en vérité, etje ne sais s’il suffirait pour cela delà direc-
tion expresse d’un artiste plus particulièrement pénétré du goût du maître
et qui serait chargé de ramener le bataillon de ses traducteurs à l’unité de
style et de coloration, à l’exactitude du type essentiel. Toutefois qu’ar-
rive-t-il? C’est que ces jeunes graveurs, avec tout leur talent, avec la
liberté et l’esprit qu’ils mettent dans leurs vignettes, etpeut-être même
à cause de l’indépendance de cet esprit, font, sansy songer, grand tort à
leur art. Ils ne devraient pas oublier que la conscience et la^incérité sont
les lois absolues de cet art, et qu’il leur faut désormais lutter contre les
reproductions scientifiques. Il faut que les graveurs s’appliquent à égaler
et à surpasser même ces reproductions, en ajoutant à la clairvoyance
ponctuelle de l’œil humain l’attrait de l’interprétation supérieure de son
intelligence. Il faut cela, ou la gravure estcondamnée sans retour. Dans le
volume qui nous occupe, les seules estampes où nous autres amateurs
retrouvions vraiment notre Boucher, soit sa peinture, soit ses dessins,
soit les planches à l’eau-forte ou au burin exécutées en son temps d’après
lui, nous les devons à l’héliogravure Dujardin. Ce sont les seules que
nous regardions avec confiance, les seules qui puissent faire apprécier
les qualités et les défauts du maître, les seules utiles pièces à l’appui du
texte de Paul Mantz: et cela nous le disons non sans regret pour notre
pays et cette école française de gravure dont nous étions si fiers, et qui,
au temps même de Boucher, produisait des artistes de la valeur de Cars,
de Daullé, de Desplaces, de Drevet, de Duchange, de Fessard, de Co-
chin, de Balechou, de Le Bas et de Demarteau.
 
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