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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Lefort, Paul: Velazquez, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0137

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128

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

que lui, au surplus, n’était à même de juger et de pressentir que
Velâzquez était déjà bien près d’atteindre à la plus haute perfection dans
le rendu de la forme; mais il pensait aussi que l’expression n’est pas
tout dans l’art et qu’il y faut joindre encore le choix, l’intérêt et l’éléva-
tion du sujet, et là est certainement la raison de son amicale insistance
à conseiller au jeune maître de faire un voyage d’études en Italie.

Velâzquez se montra extrêmement sensible à ces excellents avis, car,
dès que Rubens eût quitté Madrid, il se prépara lui-même à partir. Le
28 juin 1629, il obtenait du roi l’autorisation nécessaire, et, muni par le
comte-duc de nombreuses lettres de recommandation, gratifié en outre
par son puissant protecteur d’une somme de deux cents ducats et d’une
médaille d’or à l’effigie de Philippe IV, il venait, avec son esclave
Pareja, s’embarquer à Barcelone, le 10 août 1629, sur la galère que
montait Ambrosio Spinola, le vainqueur de Breda et le héros du tableau
des Lances, allant prendre le gouvernement du duché de Milan et diriger
le siège de. Casale.

Venise fut la première ville italienne que visita l’artiste; il y reçut
l’hospitalité chez l’ambassadeur d’Espagne.

Depuis la fameuse conspiration de Bedmar contre l’existence de la
Sérénissime République, tout Espagnol s’approchant de son territoire
devenait immédiatement suspect. Aussi, dès le mois de juillet 1629, le
départ de Velâzquez avait-il été signalé aux inquisiteurs d’État par l’am-
bassadeur de Venise à Madrid, qui s’était hâté, dans une dépêche
secrète, de prévenir le Conseil du caractère absolument étranger à tout
but politique du voyage du peintre de Philippe IV 1.

Doué, comme il l’était, du sentiment de la couleur, Velâzquez devait
naturellement s’éprendre des merveilleux chefs-d’œuvre de'l’école véni-
tienne. Si Titien l’enthousiasme, Véronèse le ravit, et Tintoret l’entraîne.
De ce fougueux maître, il copia le Crucifiement et la Cône, et à son
retour il fit hommage au roi de cette dernière reproduction. Mais ses
études furent bientôt interrompues par la guerre occasionnée par la
succession du duc de Mantoue. Il quitta Venise et se rendit à Ferrare,
où il reçut le meilleur accueil du cardinal-légat Giulio Sachettç.

De Ferrare il alla à Bologne, où, disent les biographes, il ne jugea pas
opportun de s’arrêter, pas même pour y présenter les lettres de créance
dont il était muni pour les cardinaux Lodovisi et Spada. Il prit la route
de Lorette, visita la Santa Casa, traversa les Apennins et arriva à Rome,

1. M. Armand Baschet a publié dans la Gazelle des Beaux-Arls, t. 1", p. 79, la
traduction de cette curieuse dépêche de l’ambassadeur vénitien.
 
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