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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Gerspach, Edouard: La mosaïque absidale de Saint-Jean de Lateran
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0154

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GAZETTE DES BEAUX-A11TS.

La fabrication du sraalte d’or ou d’argent — ce dernier est fort peu
employé—est encore aujourd’hui une spécialité des verriers de Murano;
elle n’a pas changé depuis que le fond d’or est en usage, et les novateurs
ont toujours échoué quand ils ont cherché à la modifier, notamment en
voulant dorer les smaltes comme on dore la porcelaine. Voici comment
on opère à Murano : on prend un morceau de verre incolore très mince,
de la forme d’un verre de montre, mais d’environ dix centimètres de
diamètre; sur la surface creuse on applique une feuille d’or également
très mince, et on fait chauffer ; la température voulue étant atteinte, on
retire le verre du four, dans la concavité on coule un émail en fusion,
on aplatit le tout, on soumet la galette à la recuite, et on laisse refroidir
insensiblement. Les trois parties, le verre, la feuille d’or et l’émail, dont
se composent le smalte d’or, se distinguent dans la tranche lorsque la
galette est débitée en cubes, mais l’or apparaît seul après que le cube
est planté dans le ciment.

C’est un fait bien connu que le verre se décompose sous l’action du
temps, et il n’est pas rare de remarquer dans les vitres des anciennes
demeures cet effet, qui se manifeste d’abord par une légère irisation. La
pellicule de verre du smalte d’or subit la même loi, et elle résiste d’au-
tant moins qu’elle est très mince et que, pour la recuite, le verrier a
dû se préoccuper non pas d’elle seulement, mais de l’or et de l’émail,
fusibles à des températures différentes. Il s’ensuit qu’après un laps de
temps plus ou moins long, selon que la recuite a été réussie, la pellicule
de verre éclate, tombe et laisse à nu la feuille d’or qui, n’étant plus
soutenue, tombe à son tour, et découvre la couleur de fond du smalte,
généralement rouge foncé ou vert bouteille. De là ces taches noirâtres
qui forment comme des ombres.

A Saint-Jean, elles sont abondantes malgré de fréquentes reprises,
car en général on ne se décide à remplacer les parties endommagées
des fonds d’or que lorsque des morceaux entiers, smaltes et ciment, se
détachent du mur, et alors, sans aucun souci de la nuance de l’or et de
la dimension des cubes, on puise dans la munition et on restaure. C’est
ainsi que dans la voûte de Saint-Jean nous avons trouvé des cubes de
8 millimètres carrés et d’autres de 22, de l’or vert, de l’or rouge et de
l’or jaune. Ces différences disparaissent dans l’ensemble.

On a voulu fixer des dates au moyen de la nuance des ors ou de la
couleur de fond des smaltes recouverts d’or; nous le répétons, il n’y a
aucune conséquence à tirer de ces observations. Du ve au xixe siècle,
presque toutes les couleurs de fond résultent d’un mélange de débris
fondus; lorsqu’on est maître de choisir, on prend de préférence et par
 
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