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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Gerspach, Edouard: La mosaïque absidale de Saint-Jean de Lateran
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0157

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LA MOSAÏQUE DE SAINT-JEAN DE LATERAN

147

Le redessiné n’appartient à aucune époque; on le trouve dans le
style byzantin, mais aussi vers la fin du xvie siècle, très fortement
accusé, notamment à Santa-Maria Scala Cœli ; il est inhérent aux ouvrages
de mosaïque décorative, car ce genre n’admet ni perspective aérienne
ni formes fuyantes, il exige des lignes nettes, déterminées : chaque
objet doit être limité et précis, et rien ne remplit mieux ce but que le
redessiné, qui est d’un elîet décoratif certain. Torriti ne se contente pas
de marquer ainsi la ligne extérieure, il prolonge le trait dans la barbe
et les cheveux pour indiquer les boucles et les touffes.

La simplicité des moyens est sa loi; dans les carnations il n’use que
de trois tons les étoffes n’en contiennent pas davantage, mais alors,
pour accuser le drapé d’une robe bleue, par exemple, il marque le pli d’un
trait noir. Veut-il rendre une bouche plus expressive, il plante au milieu
de la lèvre supérieure deux cubes d’un rouge vif, mais jamais il ne
cherche l’effet au moyen du modelé.

11 y a dans l’art des mosaïstes antérieurs à la Renaissance un tour
de main d’une extrême habileté, dont nous trouvons un exemple frappant
dans la chevelure du Christ de Torriti. Ils n’emploient ni le modelé
ni les dégradations, et cependant ils arrivent à produire dans les
masses la transparence et la profondeur. Torriti a voulu donner au Christ
des cheveux noirs; mais s’il n’avait usé que de smaltes uniformément
noirs, il aurait emprisonné la tête dans une enveloppe lourde, massive,
morte, dans une perruque enfin. Ce 11’était pas son but. Tout en lissant
les cheveux et les arrêtant par le redessiné, il leur a donné cette flui-
dité et celte vie qui est le charme de la chevelure humaine : pour tra-
duire sa volonté, le mosaïste, qui certes ne connaissait pas la loi du
contraste des couleurs simultané et successif, a divisé les cheveux en
mèches très étroites, bleues, noires, rouges et brunes; dans quelques
parties, les nuances ne se prolongent pas dans toute la longueur, elles
alternent irrégulièrement en damier. Très visibles et très tranchées de
près, ces couleurs si diverses ne forment de loin qu’une masse homo-
gène noire d’un effet doux, harmonieux et transparent.

Les ornements continus et répétés : grecques, oves simples ou fleu-
ronnées, trèfles, postes, enroulements, sont d’un ton unique ; le dessin
n’a rien de régulier, et dans une suite de trèfles on remarque des feuilles
d’une largeur double sans que la symétrie générale en soit atteinte.

Le terrain et les végétations sont uniformes de couleur ; les plantes
ne rappellent en rien la nature, elles sont conventionnelles, et si parfois
d est nécessaire d’égayer la fleur par un pistil coloré, l’effet est produit
 
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