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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI issue:
Nr. 2
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Gerspach, Edouard: La mosaïque absidale de Saint-Jean de Lateran
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0158

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148 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

indifféremment par un point blanc, or ou rouge, sans aucune préoccupa-
tion de la vérité.

Les embrasures des quatre fenêtres de l’abside sont alternativement
à fond d’or ou bleu, les ornements sur fond d’or sont en couleur et réci-
proquement; si les parois, sans avoir la richesse de la décoration de la
sacristie de Saint-Marc, sont plus variées et plus coloriées que les orne-
ments géométriques et les terrains figurés de l’abside, c’est qu’elles
reçoivent la lumière frisante et qu’elles doivent corriger l’effet peu
agréable des vitraux incolores. Les couleurs sont posées par aplats
comme dans les revêtements de faïence persane, dont la mosaïque des
fenêtres rappelle parfois le style; les feuilles sont parties vertes et bleues,
les tiges de même, — les couleurs étant toujours eu opposition, — les
repliés rouges, les côtes médianes blanches. Gomme les feuilles et les
tiges, les fleurs sont ornemanisées et conventionnelles, et, tout en adop-
tant le parti des corolles blanches, le mosaïste pique un smalte bleu,
au hasard de la main, quand la fantaisie l’inspire.

Du reste, dans l’abside de Saint-Jean, l’ornement joue un rôle eflacé.
Torriti le réserve aux ébrasements, aux bordures et aux angles arrondis,
de tradition dans la mosaïque ; il n’en a point voulu dans son motif
principal, et a négligé ces moyens faciles, souvent employés par ses pré-
décesseurs. C’est que Torriti est un maître ; il connaît la puissance de la
mosaïque décorative, il sait qu’elle trouve sa force dans l’unité de l’effet,
qui résulte de la division raisonnée de l’espace, de l’harmonie dans
l’ordonnance et de la simplicité dans l’exécution. L’humble moine fran-
ciscain a compris ces principes immuables du grand art décoratif, il les
a appliqués avec une science profonde ; c’est justice de montrer son
œuvre dans les plus belles qu’ait enfantées le génie italien avant la pre-
mière Renaissance, et de citer son nom parmi les précurseurs de l’art
moderne1.

GERSPACH.

1. Dans un article de M. Ed. Didron, intitulé : La Peinture en mosaïque, et qui
a paru dans le t. XI, 2e période, page 442, la Gazette a publié les parties de la mo-
saïque de Saint-Jean de Lateran où sont figurés les portraits des mosaïstes Jacobus
Torriti etJacopoda Camerino. (n. d. l. n.)
 
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