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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0172

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162

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

gaire, la forme insolite de cette petite châsse lui donne un intérêt très
particulier.

Une autre châsse en champlevé, où les fonds seuls et les ornements
sont émaillés, tandis que les personnages, laissés en épargne, sont seu-
lement dessinés par des traits gravés, et où leurs têtes, sur le côté long,
sont rapportées et en relief, est en soi curieuse, mais ici surtout, parce
qu’elle a donné lieu à une interprétation qui me paraît erronée.

La scène d’en bas est une scène de martyre ; celle d’en haut, un ense-
velissement. A droite, à côté d’un autel, sur lequel il y a une croix, des
chandeliers à pied et un ciboire, un sicaire coupe cl’une épée la tête
d’un personnage mitre et nimbé de bleu qui ouvre les bras; en haut, la
main divine, qui sort du ciel et derrière laquelle est le nimbe crucifère à
fond rouge. Au milieu, un personnage tombant à terre va recevoir un
coup de hache; un second, agenouillé, attend le coup de hache d’un troi-
sième bourreau. A gauche, un chef, portant un bouclier et l’épée nue,
préside à la scène.

Le morceau du haut, qui forme l’une des deux pentes du toit, offre
au centre un tombeau dans lequel deux personnages vont déposer un
corps enveloppé dans un long suaire. Un évêque, mitre, crossé et nimbé,
bénit de la main droite; avec lui, un saint diacre tenant un livre et
nimbé. A droite et à gauche, deux acolytes tenant un chandelier.

Sur les petits côtés sont deux personnages jeunes et à longue
robe. Le côté comme le toit de la partie postérieure ne sont décorés que
de cadres plats dans lesquels s’enchâssait une glace.

On a dit, on dit presque encore — comme Thomas Becket, dont le nom
reviendra forcément tout à l’heure, est venu à Sens, — que cette châsse,
qui, du reste, ne se trouve pas dans l’ancien inventaire et ne provient
pas originairement du trésor, où elle n’est entrée que de notre temps,
représente le meurtre de l’archevêque de Cantorbéry. Si cela était, ce
serait un monument bien précieux, mais on oublie que Thomas Becket
n’a nullement été décapité; lorsque le roi d’Angleterre l’a envoyé tuer
au pied de l’autel, il a été meurtri à coups d’épée, ce qui est fort diffé-
rent, et il n’y a pas eu deux autres décapitations en sus de la sienne. Le
seul de ses acolytes qui soit resté à côté de lui a été seulement blessé.
Pour une scène réellement contemporaine et très connue, car le sujet
n’aurait été fait à Limoges que sur commande, la variation et la para-
phrase seraient vraiment par trop fortes.

Il faut, je crois, s’en tenir à une explication beaucoup moins roma-
nesque. 11 doit s’agir là de l’antique martyre de saint Denis. Gomme la
légende en fait le premier évêque de Paris, on le représente en évêque
 
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