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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [11]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0197

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186

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qui ont cessé quand on lui a dit qui elle était. Le soir, l’on a été chez
Benoît, pour voir ses portraits de cire, mais Ton ne l’a pas trouvé ni per-
sonne à sa maison. J’avais dès le matin demandé au Cavalier si je le ferais
avertir de s’y trouver, et il m’avait dit que non.

Le vingt-huitième, il a au malin travaillé à l’ordinaire. Sur les deux heures,
M. Colbert est venu, que le Cavalier dormait encore. Il avait le cordon bleuet
a dit au signor Mathie qu’on n’avait point encore travaillé, pour ce qu’il avait
eu beaucoup d’affaires pour ce sujet, montrant la croix du Saint-Esprit. Il a
fait accueil au signor Paule, qui lui a demandé s’il irait éveiller son père.
M. Colbert lui a dit que non. Cependant je lui ai parlé d’une affaire particu-
lière dont il m’a dit de lui donner un mémoire, puis il s’en est allé.

Le soir, M. de Ménars est venu ; il a fait apporter un pelit tableau d’dn-
nonciation, pour le montrer au Cavalier. Après l’avoir vu, il a dit qu’il était
de l'Albane. Il lui en a demandé un mot d’écrit de lui, qu’il lui a donné et a
ajouté : Mi place assaissimo i. M. de Ménars m’a dit à moi, en particulier,
qu’on avait fait quelques autres dessins pour le Louvre, et qu’il ne savait si
Ton exécuterait ceux du Cavalier, à cause qu’on est brouillé avec la cour de
Rome, et que Ton craindrait que les Italiens, après avoir commencé, ne quit-
tassent l’ouvrage. M. du Metz et lui ont vu le plan du Louvre, sur lequel
M. du Metz a toujours appuyé que la place de devant serait trop petite. S’en
étant allés, le Cavalier m’a dit qu’il était jour de dépêches. J’ai ramené l’abbé
Butti chez lui, et, en y allant, je lui ai demandé quelles étaient cesbrouille-
ries de Rome. 11 m’a dit qu’en France on ne savait pas traiter avec le Pape ;
qu’il faut user avec lui comme l’on fait avec un enfant, l’amuser d’une pomme
ou d’une dragée; que de cette sorte l’on en aurait ce que l’on voudrait, de
grandes choses pour de petites; qu’il est d’humeur à se fâcher pour des baga-
telles, et irait de la tête au-devant des coups de poing ; qu’on avait eu raison
de dire : Maximus in minimis, minimus in maximis, et m’a allégué encore le
mot qui au commencement de son pontificat fut mis au Pasquin 2 au sujet des
montagnes qui sont dans ses armes : parlurienl; et puis le reversile3 du vers :
parlurienl mures; nascilur terribilis irions3.

Le vingt-neuvième, j’ai été indisposé.

Le trentième, le Cavalier m’ayant envoyé au matin demander le carrosse
du Roi pour les sept heures et le lui ayant mené, il m’a dit qu’il serait bien
aise d’aller féliciter M. Colbert sur cette charge nouvelle, et nous y avons été.
Il a reçu le Cavalier avec un visage riant, et à son compliment lui a répondu
qu’il serait bien aise qu’il eût été tenté de rester en France, à voir de quelle
sorte le Roi récompensait ceux qui le servaient ; qu’il pouvait dire, sans men-

1. « Il me plaît très fort. »

2. C’est-à-dire à la statue de Pasquin.

S. Heversile, renversement.

•i. Le vers d’Horace (Art poétique, v. 139) est :

Parturiunt montes, nascetur ridiculus mus.
 
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