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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [11]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0202

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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANCE. 191

maréchal de Gramont, et que la grande porte du Louvre, outre qu’elle ne se
rencontrait pas tout à fait vis-à-vis de l’autre déjà faite, avait quatre colonnes,
au lieu que l’autre n’en a que deux. L’on remarque encore d’autres fautes au
pavillon neuf, près de Bourbon, où il y a des parties qui portent à faux.

Le 1er septembre, le signor Mathie a tracé les retours delà façade. M. Per-
rault et son frère, étant venus voir le buste, ont donné avis à mon frère, qui
était là, que l’on avait fait voiturer des pierres de libage et moellon, dans la
basse-cour de l’hôtel Mazarin, avec de diverses natures de sable et de chaux
pour faire les épreuves proposées. J’en ai donné avis au Cavalier, qui m’a dit :
è maraviglia1, à cause de l’opinion qu’il a que nous ne sommes point ponc-
tuels en France. M. Perrault a demandé pourquoi il disait cela. Mon frère a
dit qu’il avait ajouté un no1 2, et cela de peur de venir à l’éclaircissement qu’il
demandait. Nous avons été tous ensuite, fors le Cavalier, dans cette basse-
cour, où nous avons trouvé qu’on préparait des fosses pour éteindre la chaux
à la française, et qu’on disposait aussi de la chaux pour l’éteindre à l’usage
de Rome3. Le signor Mathie l’a trouvée excellente et la pierre de libage aussi ;
pour le moellon, il a dit qu’il était trop humide et terreux, ce qui empêche
qu’il n’ait une forte prise avec la chaux. L’on a disposé les places pour y dis-
poser les murs à la française et à l’italienne. Ces messieurs s’en sont allés, et
je suis demeuré à dîner avec le Cavalier.

L’on est venu à parler de ce tableau de Nocret, au sujet duquel il a dit à
l’abbé Butti, qui dînait aussi avec lui, qu’il n’avait trouvé personne qui con-
nût mieux les choses que le signor de Chantelou; que j’avais bien dit de qui
était ce tableau ; que tous les peintres et sculpteurs n’en avaient pas si bien
jugé. 11 nous a dit ensuite qu’il avait songé la nuit que le Pape était mort.

A l’issue du dîner, nous avons discouru, l’abbé et moi, sur les divers
discours faits touchant les dessins du Louvre, et le bruit qui s’est répandu
qu’on ne les exécuterait pas. Il m’a dit que le Nonce était le jour d’hier venu
le dire au Cavalier; que l’on avait assuré que Levau, Lebrun et Mansart
s’étaient assemblés pour faire un dessin. Je lui dis que les uns et les autres
n’étaient point amis. 11 cita le passage : El facli sunl amici in illo die, Herodes
el Pilalus4, mais que, le dessin du Cavalier étant de la beauté qu’il est, il
n’avait qu’à prendre la devise du Tassoni5 6, une écritoire et une plume, avec
le mot de fatce. 11 s’est étendu après sur la fortune de M. Colbert, qu’elle
était grande et éclatante, vu que Vittorio Siri lui avait dit avoir lu la lettre
par laquelle M. Colbert écrivait à M. le cardinal Mazarin qu’il renonçait à son
service; a dit qu’un autre avait tenu la place dans le mauvais temps, et
durant que le cardinal était persécuté, mais que, par bonheur pour M. Colbert,
celui-là était venu à mourir; que ce lui était encore une espèce de bonheur
d’avoir mon frère pour le bâtiment du Louvre; que, comme il a écrit d’archi-

1. « C’est merveille. »

2. C’est-à-dire que Bernin avait dit : E no maraviglia.

3. Suivant l’usage de Borne.

■i. Voyez saint Luc, ch. xxm, vers. 12.

5. Le célèbre autour do la Secchia rapila.

6. Faites.
 
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