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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Lameire, Charles: Alexandre Denuelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0205

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194

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Nîmes. Là, concurremment avec Hippolyte Flandrin, qui était chargé de la peinture
historique, Denuelle déploie les ressources do son intelligence décorative, et ces deux
artistes, se complétant l’un l’autre, produisent un ensemble des plus remarquables. Ce
travail attira sur eux l’attention de l’Œuvre de Notre-Dame, de Strasbourg, qui vou-
lait doter le chœur de la cathédrale d’une décoration splendide. Les devis et les mar-
chés furent dressés, puis approuvés par l’architecte de l’Œuvre, M. Klotz, et par le
maire de la ville.

Hippolyte Flandrin est mort avant d’avoir pu mettre la main à ce travail, et Denuelle
est mort au moment où il achevait la partie qui lui avait été confiée.

En 1850, il est chargé par Duban, de concert avec M. Chauvin, de la décoration du
grand Salon carré et de la salle des Sept-Cheminées, au Louvre. Quoique tempsaprès,
il peint les salles du Musée des Souverains. Plus tard M. Lefuel lui confie la Grande
galerie du bord de l’eau, la galerie de Sept-Mètres, les deux Galeries françaises et le
pavillon Denon. 11 sut rester sobre et riche tout à la fois dans cette décoration du
sanctuaire des arts.

A l’Exposition universelle de 1855, Denuelle envoie ses principales éludes, com-
mencées en Italie et qu’il avait achevées avec grand soin à son retour, ainsi que les
deux grandes maquettes et les détails faits pour la décoration de Saint-Paul, de Nîmes.
Ces travaux excitèrent une légitime admiration, et le jury décerna à leur auteur la
médaille de deuxième classe. Dès lors la réputation de Denuelle fut établie et ne fît
que s’accroître. Les travaux les plus sérieux lui furent confiés. Il était déjà attaché à la
Commission des monuments historiques, et, en cette qualité, il accompagna Viollet—le—
Duc dans plusieurs voyages et fit pour la Commission un grand nombre de relevés à
Avignon (palais des papes), à Poitiers (temple de Saint-Jean), à Tournus, à Saint-Chef,
à Bourges, à Kermaria, a Provins (Saint-Quiriace), otc.

En 1859, il reçut la croix de la Légion d’honneur, après une brillante exposition.
11 fut nommé officier en 1873, à la suite de l’Exposition de Vienne. Vers ce temps, il fut
nommé membre de la Commission des monuments historiques, et, lors de la création
de la Commission de perfectionnement des Gobelins, il en fut nommé rapporteur. 11
s’acquitta de cette tâche avec un zèle qui le fit tout naturellement désigner pour faire
le rapport sur les tissus à l’Exposition universelle de 1878, où il avait été nommé
président du Groupe des arts décoratifs.

A la suite d’une longue maladie, en 1874, il avait quitté les travaux actifs et ne
s’était réservé que la décoration du chœur de Strasbourg, partageant ses loisirs entre
cette œuvre, les travaux des commissions et ses recherches laborieuses sur les ori-
gines des peintures du palais des papes, à Avignon. C’est en étudiant sur place, à Flo-
rence, ces maîtres primitifs du xiu' et du xive siècle, que la mort est venue le frapper,
il y a un mois et demi, en plein travail, dans une saison rigoureuse, et l’enlever à l’af-
fection de ses nombreux amis. Tous ont le souvenir de son accueil bienveillant, de sa
vivacité, de sa gaieté, de la finesse de ses railleries et de la justesse de ses observa-
tions. Nul plus que lui, peut-être, n’a travaillé, et l’on comprendra, rien qu’en lisant
un aperçu de ses travaux, quelle somme d’intelligence et d’activité il a dû déployer
pour mener à bonne fin tant d’œuvres diverses qui réclamaient chacune un style par-
ticulier. Prompt dans le conseil, il voyait vite et juste ce qui manquait dans un
ensemble ; sa grande force a été de bien comprendre l’alliance de la décoration avec
l’architecture, d’où elle découle naturellement, et toutes ses œuvres sont empreintes
de ce caractère raisonné qui n’excluait ni l’élégance ni le charme des colorations.
 
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