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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Duranty, Edmond: Adolphe Menzel, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0213

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202

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Adolphe-Friedrich-Erdmann Menzel est né le 8 décembre 1815, à
Breslau, au moment où la nouvelle école Christiano-romantique com-
mençait, de Rome à Munich, de Munich à Dusseldorf et à Francfort, cette
fameuse rénovation de l’art qui n’a pas abouti à un triomphe aussi grand
que les débuts le firent espérer.

L’Allemagne du Nord resta un peu à l’écart de ce mouvement. Elle
avait déjà ses traditions artistiques, en partie opposées à la tendance qui
entraîna les artistes du Sud et ceux des bords du Rhin.

Chodowiecki venait de mourir en 1801, et c’est l’homme avec qui
M. Menzel a le plus de rapports. M. Ludwig Pietsch établit bien la filia-
tion artistique de M. Menzel. 11 lui donne pour ancêtres successifs les
sculpteurs Raucli et Gottfried Schadow, Daniel Chodowiecki le dessina-
teur et graveur, Andréas Schlüter le sculpteur, et enfin Holbein. On peut
ajouter Hogarth à ces artistes. C’est la famille de la vérité, de la philo-
sophie morale et de l’observation. Qu’on prenne les profondes concep-
tions satiriques et réalistes de Hogarth, les prodigieuses pénétrations
physionomiques de Holbein, la puissance qu’ils mettent à exprimer la
vie, la réalité ; qu’on remarque l’étonnante individualité de leur intelli-
gence et de leurs œuvres, et l’on verra reparaître le même filon d’esprit
véridique, de franchise énergique et violente, chez Chodowiecki et chez
M. Menzel. Puis, si l’on examine les sculptures nationales d’Andréas
Schlüter à la fin du xvn' siècle et au début du xvm% par exemple, les
tètes de guerriers morts qu’il a sculptées à l’arsenal de Berlin, et son
puissant monument équestre du Grand-Electeur, on retrouvera le même
sentiment dans les statues que Gottfried Schadow a enfin revêtues du
costume contemporain ; on le reverra aussi dans le Boleslas et Wenceslas
et dans le magnifique monument du grand Frédéric, de Rauch. Célébrer
Frédéric et ses « héros de la paix comme de la guerre » fut la pensée, le
stimulant et le lien de la plupart des artistes de Berlin. Chodowiecki a
gravé le roi et ses fidèles serviteurs, et les sculpteurs les ont taillés avec
un même enthousiasme pieux; M. Menzel, à son tour, s’échauffant au
souvenir de la grande légende patriotique, devait la faire sienne plus
qu’aucun des autres et devenir par excellence le peintre de Frédéric le
Grand.

Je notais l’année dernière, à propos de l’Exposition universelle, com-
ment l’originalité familière de la haute et étrange figure royale et guer-
rière avait contribué à enraciner l’amour de la réalité chez les artistes
du nord de l’Allemagne, ou avait donné à cet amour une occasion unique
et splendide de se manifester.

En moment, en France, la figure de Napoléon sembla émouvoir tout
 
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