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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Gonse, Louis: Le portrait de Millevoye par Prud'hon
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0253

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240 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Poète mourant,—un chef-d’œuvre exquis—, sa plus touchante inspiration.

Compagnons dispersés de mon triste voyage,

O mes amis! ô vous qui me fûtes si chers!

De mes chants imparfaits recueillez l’héritage,

Et sauvez de l’oubli quelques-uns de mes vers.

Et vous par qui je meurs, vous à qui je pardonne,

Femmes, vos traits encore à mon œil incertain
S’offrent comme un rayon d’automne
Ou comme un songe du matin.

Doux fantômes! venez, mon ombre vous demande
Un dernier souvenir de douleur et d’amour :

Au pied de mon cyprès effeuillez pour offrande
Les roses qui vivent un jour.

Dans la gravure du volume des Élégies, on voit le malade assis sous
les arbres qui perdent leurs feuilles. Le visage maigre et allongé, l’air
triste, il présente une ressemblance très visible avec le portrait de
Prud’hon, ressemblance même assez frappante pour que l’on puisse sou-
tenir que la petite gravure de Gautier a été faite d’après lui. La coiffure
caractéristique, qui donne au visage un aspect plus maladif encore, est la
même dans les deux planches. Du reste, on a toujours dit, d’après la tra-
dition, que la gravure des Élégies offrait un portrait médiocre, mais
ressemblant, de l’auteur de la Chute des feuilles, et c’est d’après elle que
M. Lalauze a dû faire le croquis à l’eau-forte qui se trouve en tête du
volume de M. Quantin. M. Paul Lacroix, lorsqu’il envoya le volume au
graveur, ignorant l’existence du portrait de Prud’hon, dut ajouter à son
envoi la mention : Portrait supposé de Millevoye.

La lacune est donc comblée; nous avons maintenant une excellente
image du poète, et cette image a été tracée par la main du plus grand
peintre du temps. Prud’hon y a mis, comme toujours, son âme, sa déli-
catesse, son sentiment admirable de l’expression et cette vague mélan-
colie qui ici répondait si bien au caractère languissant du modèle. C’est
une miniature ovale sur ivoire de 0m,150 de hauteur sur 0m,125 de lar-
geur, conservée dans son ancien cadre et dans son ancien étui de maro-
quin. Elle appartient à un amateur très distingué de Lyon, M. Charles
Bayard, qui possède une nombreuse et superbe collection d’objets d’art,
et qui n’a qu’un défaut: c’est d’être beaucoup trop modeste et de ne point
faire de bruit autour de ses richesses, — défaut rare par ces temps de
banque, de spéculation et de réclame—. Il tenait la miniature de Prud’hon
d’un avocat à la cour d’Aix, M. Furby. Ce M. Furby avait été précepteur des
princes d’Angleterre et avait écrit de nombreux articles de critique d’art
 
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