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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0265

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252

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

central, séparé de ceux qui le répètent par 235 millimètres, est rouge,
vert et bleu. Les autres dessins y sont assemblés en côtes de melon, et de
taçon assez grossière pour ne pas nous permettre de croire que nous ayons
sous les yeux une coiffure vraiment intacte comme la mitre de Thomas
Becket. On a vu la bande où se trouvent des faces de lune et la grecque
dont nous venons de parler; nous ajoutons ici même, en tête de lettre
de cet article, d’après un dessin que nous devons aussi à M. Julliot,
une étoffe bien curieuse par sa qualité héraldique. On y voit des châteaux
d’or sur champ de gueules, une fleur de lis sur champ lozangé d’azur,
et, comme la forme étoilée résulte du dessin général et n’est pas une
forme de blason, un lion rampant, d’or sur fond d’argent, et une aigle
éployée, de sable sur fond d’or. Le mariage de saint Louis ayant eu lieu
en 1237 dans la cathédrale de Sens, on lui a rapporté cette étoffe, et on
en a fait un bonnet de Gauthier Cornut, l’archevêque qui officia à cette
cérémonie. Il serait prudent d’être moins affirmatif. Les châteaux sont
certainement Castille, et, de plus, ce sont eux qui, accolés par groupes
jumeaux, sont les plus fréquents et les plus nombreux; mais la fleur de
lis de France est plus petite que les autres représentations, et il ne faut
pas voir là une chose directement et absolument royale. Les châteaux de
Castille et les fleurs de lis sont très fréquents sur le pied des chandeliers
et sur le fond des gémellions de Limoges; ils ne se rapportent ni à
Blanche de Castille, ni même à saint Louis, mais à son frère Alphonse,
comte de Poitiers, qui avait Limoges; ce n’était à la fois qu’un signe de
vassalité et qu’une marque de fabrique. Il ne serait pas impossible de
trouver dans la famille de saint Louis, par exemple du côté du roi de
Naples, Charles d’Anjou, une famille où les armes de France et de Cas-
tille se trouveraient, par l’origine personnelle et par celle des alliances,
réunies à un lion d’or et à l’aigle d’Lmpire. En tout cas, l’étoffe ne peut
pas être antérieure à la seconde moitié du xme siècle. Je la mettrais plutôt
à la première moitié du xivc à cause de l’analogie avec les carreaux de
terre émaillée. Le lion particulièrement et l’aigle ont avec le dessin de
ces carreaux une analogie bien frappante. En même temps, dans cette
recherche il ne faudrait tenir compte que des couleurs du lion et de
l’aigle; le fond, quoique différent, vient des nécessités de la décoration
de l'étoffe et n’est pas héraldique, puisque dans les deux cas il donne
métal sur métal. Il me paraît pourtant difficile, pour ces deux blasons,
d’y voir simplement une fantaisie ornementale du fabricant. De toute
laçon, si la difficulté n’est pas résolue, l’étoffe, pour être relativement plus
moderne que les autres et pour être bien franchement européenne, n en
est pour cela ni moins intéressante ni moins énigmatique.
 
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