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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Clément de Ris, Louis: Musée impérial de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, 5: musées du Nord
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0285

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272

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de Reynolds. Mais qu’il y a loin encore de ces beaux tons ambrés du
maître de Leyde, de cette fougue naturelle et contenue, de cette com-
position simple et profondément savante, à ce coloris rissolé, à ces
ombres éclairéee d’une transparence factice par des estafilades de vert
Véronèse, à cette touche posée à coups de sabre, à ces lignes qui se
coupent et s’équilibrent comme elles peuvent et au hasard de l’exécu-
tion ! A côté de ces défauts, et les contredisant d’une façon que l’oppo-
sition rend même amusante, Reynolds, quand il le veut, sait admira-
blement poser ses personnages et leur donner un caractère absolument
anglais. Ses déesses ou ses nymphes sont des ladys de keepsake ; ses
demi-dieux et ses héros sont des gentlemen se préparant à aller au
club ou descendant de Trotten road. Une fois enfin, dans l’admirable
portrait de Nelly O’Brien, que possède sir Richard Wallace, il a su, par
des moyens absolument opposés, exercer le même charme que Léonard
de Vinci dans le portrait de Monna Eisa. Le grand mérite de Joshua
Reynolds, c’est d’être resté Anglais. Je ne puis lui donner tout. Plût à
Dieu que nous eussions ce défaut !

L’Amour détachant la ceinture de Vénus. Figures à mi-corps,
grandeur naturelle. La déesse vêtue de blanc, ceinture bleu clair, est
étendue sous un dais rouge. Elle se cache à moitié la ligure de la main
droite. Devant elle, l’Amour lui enlève sa ceinture. Fond de paysage
d’un vert presque noir. On assure que le mouvement de la main droite
est dû à cette particularité que le modèle était borgne et que le peintre
a voulu dissimuler cette infirmité par cet.artifice de dessin. Payé
100 livres sterling par le prince Potemkin, de qui il provient. M. Ed.
Malone, dans la Vie de Reynolds, cite deux répétitions de cette compo-
sition, qui figuraient en 1798 chez lord Garysford.

Hercule étouffant des serpents. Grande composition de trois mètres
carrés. Le caractère que je signalais plus haut est bien sensible dans la
figure d’Alcmène. C’est une duchesse anglaise. Tableau commandé par
Catherine II, qui le paya 1,500 livres sterling (37,500 fr.), un beau
prix pour l’époque : quelque chose comme 80,000 fr. en '187/t. Quant
à y voir le chef-d’œuvre de Reynolds, comme le dit le catalogue, cela
ne m’est pas possible. Reynolds a fait des chefs-d’œuvre, il en a même
fait plusieurs ; mais ce sont des portraits qui figurent aujourd’hui dans
les résidences de l’aristocratie anglaise, où il n’est pas facile de les
voir.

La Continence de Scipion. Grand tableau resté inachevé et peint
pour Potemkin, qui le paya 500 livres sterling. C’est là surtout que j’ai
été frappé du procédé qui consiste à modeler les ombres par des zébrures
 
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