Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Gout, Paul: Notes historiques et descriptives sur le casque depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, 1
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0355

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
338

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lants, des perspectives interminables qui feront qu’on n’osera s’v aven-
lurer sans craindre à chaque pas de se heurter contre un monticule ou
de s’engloutir dans un abîme.

Les artistes des temps passés ne croyaient pas au-dessous d’eux
d’entrer dans tous les détails du métier. Accoutumés à l’étude de la ma-
tière, ils s’appliquaient à en faire l’emploi le plus judicieux, à lui donner
les formes les mieux appropriées à sa nature. Phidias lui-même savait
fondre le bronze, l’argent, l’or, développer l’ivoire. 11 ne fut pas seule-
ment leplus grand artiste du siècle de Périclès, mais encore un penseur,
un philosophe et un érudit. Si Léonard de Yinci fut le génie le plus
grand et le plus complet du xne siècle, il le dut autant à la variété qu’à
l’étendue de ses connaissances, comme aussi à cet esprit d’observation
et d’analyse qui fut le propre de sa puissante intelligence.

Aujourd'hui l’art a revêtu chez nous une forme hiératique : il s’est
retiré, avec dédain, au sommet d’un Olympe, où il est si difficile à
atteindre qu’il faut désespérer de le rencontrer ailleurs que dans les
rares apparitions dont ses divinités nous honorent. 11 a abdiqué partiel-
lement en faveur de l’industrie en lui abandonnant ce qu’il semble
considérer comme les bribes de son domaine. De là ces classifications
diverses dont nous venons de parler et qui, groupées, donnent naissance
à deux catégories distinctes : le grand et le petit art.

Nous ne pouvons nous étendre ici plus longuement sur cette question ;
mais nous tenions à constater ce fait pour en montrer les conséquences.
D’un côté, nous avons le grand art, auquel concourent les artistes de
tous les talents qui ont appris et qui savent, mais n’ont nul souci de
ce qui se passe en dehors de leur travail ordinaire et spécial. De l’autre,
ce sont les fabricants, les industriels, experts en tout ce qui regarde le
détail du métier, les procédés de fabrication, mais à qui manquent le
plus souvent les moyens de conception préalable, le dessin et la compo-
sition. On sait ce qui résulte de cette anomalie tant pour l’art que pour
l’industrie modernes. Tandis qu’autrefois il y avait de l’art dans les
objets mobiliers les plus usuels, les plus communs, dans les détails de
l’habillement des deux sexes et de l’équipement de l’homme de guerre;
tandis qu’il n’était pas un sabre, pas une cuirasse qui ne fussent fabri-
qués en raison des perfectionnements apportés à l’art de la guerre et
des progrès réalisés dans la’manière de traiter le métal, nous voyons
aujourd’hui les mêmes objets façonnés sans goût, sans art, et, pour
prendre l’exemple plus frappant d’actualité qui nous a donné l’idée de
cette étude, le pays, passant à' bon droit pour avoir conservé les tra-
ditions du meilleur goût, abandonner au hasard la forme d’une coiffure
 
Annotationen