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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [12]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0398

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380

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qu’il ne lui était pas bienséant à lui de les montrer. Sa Majesté est venue sur
les deux heures, et n’avait avec elle que Monsieur, MM. de Gesvres et de
Bellingham 1. Un peu après, sont venus les uns ensuite des autres, MM. de
Bellefonds, de Noailles et de Lionne. Monsieur m’a commandé de dire au
Cavalier qu’il n’était point encore venu voir le buste, pour ce qu’il avait tou-
jours été dans les remèdes, ce que je lui ai dit. Parlant ensuite de quelques
particularités de la ressemblance, Sa Majesté m’a commandé de les faire
entendre au Cavalier. S. A. R. a pris la parole et a dit au Roi : « Mais, Mon-
sieur, vous pourriez vous-même faire entendre ce que je dis.— Oui, a répondu
le Roi, mais je ne veux pas le dire mal. » Monsieur ensuite m’a demandé à
l’oreille si j’avais parlé au Cavalier de ce dessin de Saint-Cloud. Je lui ai répondu
qu’oui, qu’il m’avait promis de le faire, et que je le mènerais sur le lieu
exprès. Après, S. A. R. s’en est allée. Le Cavalier a travaillé à la bouche de
son buste. J’ai cependant pris le temps de montrer au Roi ce qu’il m'avait
prié et lui ai ensuite présenté le journal du service que j’ai fait faire2 par les
officiers de sa maison à M. le Cardinal Légat, et lui ai dit tout le particulier
de ce qui s’était passé, durant que S. Em. a été en France, y était noté, au
moins de ce qui était venu à ma connaissance. Sa Majesté a dit à M. de Belle-
fonds qu’il fallait transcrire cela sur le registre du bureau, et puis m’a com-
mandé de le porter le soir à sa chambre. Sur le point que Sa Majesté a été
de sortir, le Cavalier lui a montré un morceau du mortier tiré de la tour de
la prévôté de l’Hôtel, qu’il a dit être excellent et être fait de sable de rivière.
J’ai parlé sur cela au Roi de ces deux murs qui se font pour épreuve dans la
basse-cour du palais Mazarin, l’un à l’usage de France et l’autre à l’usage de
Rome.

Après, Sa Majesté a regardé un moment dessiner le signor Mathie et m’a
demandé à quoi il travaillait. J’ai répondu : u A rabaisser l’étage du plan noble
de la façade du Louvre, suivant l’intention de M. Colbert, afin de raccommo-
der davantage au climat de France. » Le Cavalier ensuite lui a présenté deux
Italiens, qu’il a fait venir de Rome, dont l’un est scarpelin3 et l’autre capo
muralore’'. Sa Majesté m’a demandé à quoi ils serviraient au Louvre. Je lui ai
dit : « A travailler de leur profession et avoir l’œil, avec cela, que l’ouvrage
s’exécute suivant l’intention du Cavalier. » Cela fait, le Roi s’en est allé et a
dit : « A demain, à pareille heure. »

M. de Saint-Laurent5 est venu avec M11' de La Varenne, M. Saintot et
M. l’abbé son frère0; M. le Nonce était entré auparavant. On a prié MUe de la
Varenne de chanter, ce qu’elle a fait admirablement à son ordinaire, et si

L Henri, comte de Bellingham, premier écuyer de la petite écurie.

2. En sa qualité de maître d’hôtel de la maison du Roi.

3. Tailleur de pierres, scarpellino.

4. Maître maçon.

5. Parisot, sieur de Saint-Laurent, attaché à la maison de Monsieur, comme conducteur
des ambassadeurs.

6. Mlle de La Varenne, qui était peut-être la fille d’une dame de Varenne-Andrieu, femme
de chambre de la Reine-Mère, jouissait, comme chanteuse, d’une très grande réputation. On
peut en juger par un passage de Saint-Évremond où il est dit que le compositeur italien
Luigi « ne pouvait souffrir que les Italiens chantassent ses airs après les avoir ouï chanter à
M. Nyert, à Hilaire, à la petite La Varenne. » (Lettre sur les opéras au duc de Buckingham,
 
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