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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [12]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0400

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382

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

représenter ; que le plus beau temps qu’on puisse choisir pour la bouche est
quand on vient de parler ou qu’on va prendre la parole; qu’il cherche à
attraper ce moment. Il a aussi travaillé aux joues; pendant quoi, de fois à
autre, le Roi sortait de sa place et venait voir ce qu’il avait avancé, puis
retournait au même lieu.

L’abbé Butti a dit à Sa Majesté que le Cavalier avait eu un régal qui l’avait
fort satisfait; que M"° de La Varenne1 avait chanté devant lui, de quoi il avait
été fort touché. « Il y en a beaucoup d’autres, a dit le Roi, qui chantent
mieux qu’elle. » L’abbé a reparti que feu Luigi disait qu’il n’avait jamais
entendu personne chanter si bien qu’elle. Le Cavalier a travaillé aussi aux
sourcils et au front, et a dit que Sa Majesté avait les cheveux accommodés
comme la première fois qu’il dessina d’après elle. L’^bbé de Montaigu a
trouvé que le flocon de cheveux qu’il a mis sur le milieu du front n’y fait pas
bien ; il l’y a ajouté depuis que M. de Beljefonds lui eut dit qu’il l’avait fait
trop découvert, que jamais le Roi ne le porterait découvert de la sorte, pour
ce que, lorsque Sa Majesté aurait moins de cheveux, elle porterait la per-
ruque.

Le cinquième, le Cavalier a travaillé à l’ordinaire, et, le soir, il a été à
l’Académie. MM. du Metz, Nocret et de Sève sont venus le recevoir à la porte
de la rue, comme députés du corps. Le Cavalier a été d’abord au lieu où l’on
dessine d’après les modèles, lesquels, quand ils l’ont vu, se sont aussitôt mis
dans l’action qui leur avait été donnée. Après avoir demeuré là quelque
temps, il a passé dans la salle où se fait la conférence académique. D’abord,
on lui a offert la première place, mais il n’a point voulu s’asseoir. La compa-
gnie était fort grande. M. Eliot2, conseiller à la cour des aides, s’y est
trouvé. Le Cavalier a jeté la vue sur les tableaux de la salle, qui ne se sont
pas trouvés de ceux qui ont le plus de talent. Il a regardé aussi quelques bas-
reliefs d’aucuns sculpteurs de l’Académie. Après, s’étant tenu debout au
milieu de la salle, environné de tous ceux de l’Académie, il a dit que son sen-
timent était que l’on eût dans l’Académie des plâtres de toutes les belles
statues, bas-reliefs et bustes antiques pour l’instruction des jeunes gens, les
faisant dessiner d’après ces manières antiques, afin de leur former d’abord
l’idée sur le beau, ce qui leur sert après toute leur vie; que c’est les perdre
que de les mettre à dessiner au commencement d’après nature, laquelle
presque toujours est faible et mesquine, pour ce que, leur imagination n’étant
remplie que de cela, ils ne pourront jamais produire rien qui ait du beau et
du grand, qui ne se trouve point dans le naturel; que ceux qui s’en servent
doivent être déjà fort habiles pour en reconnaître les défauts et les corriger,
ce que les jeunes gens qui n’ont point de fond ne sont pas capables de
faire. Il a dit, pour prouver son sentiment, qu’il y a quelquefois des parties
dans le naturel qui paraissent relevées qui ne le devraient être, et d’autres
le devraient être lesquelles ne le paraissent point ; que celui qui possède le

1. Voyez pins haut, à, la date du 3 septembre, la note relative à Mllu de La Varenne.

2. Heliot, conseiller à la troisième ehambre de la cour des aides, figure dans la liste des
Curieux de Caris, comme ayant une collection de « tableaux modernes ».
 
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