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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Editor]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [12]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0405

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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANCE. 387

celle de YHercule Farnèse, et qu’on l’avait même plus belle qu’à Rome, à
cause des jambes originales qui sont à celle-ci, au lieu qu’à YHercule. qui est
à Farnèse ce sont des jambes restaurées. M. Colbert a dit qu’il avait donné
ordre qu’on l’eût pour l’Académie. Le Cavalier a repris et dit qu’à une école
de France, il fallait d’autres préceptes qu’à une école de Lombardie; que les
Français avaient du feu, mais une manière triste et menue. Les Lombards,
au contraire, donnaient dans le matériel et le pesant, mais avec de la gran-
deur; qu’il fallait éveiller ceux-ci et donner du grand aux Français. Il a passé
après dans le discours du bâtiment du Louvre, a rapporté partie des choses
qu’il me venait de dire, avant que M. Colbert fût arrivé, mais il les a dites
dans un très bel ordre. Il a montré le mortier des tours du Louvre et de
Notre-Dame, qu’il a dit être excellent, et que d’une matière pareille l’on pou-
vait tout faire, savoir est : des murs de moindre épaisseur et conserver aussi
la lumière. A l’égard des trois manières de travail, appuyant sur celui à la
journée, comme l’unique dont il fallait se servir, M. Colbert s’est renfrogné
quand le Cavalier a dit que c’était le bon moyen de réussir, qu’il y allait de
son honneur et du service du Roi de le déclarer; qu’outre cela, il était amou-
reux de cet ouvrage. M. Colbert a reparti qu’au travail à la journée il y avait
un embarras horrible, que, si néanmoins le Louvre ne se pouvait bien faire
autrement, il faudrait travailler de la sorte; mais qu’il s’y rencontre de très
grands inconvénients, que M. de Noyers, qui était un homme orrmi excep-
tione major, a-t-il dit, n’avait pu s’exempter d’accusation, s’étant trouvé des
personnes qui offraient depuis longtemps de faire la toise du même travail à
beaucoup meilleur marché qu’elle n’avait coûté au Roi, au travail à la journée
qu’il avait fait faire. Chacun sur cela s’est récrié, l’abbé Butti même, et cha-
cun s’est mis à louer la probité et suffisance de ce ministre. M. Colbert a
continué et dit qu’on avait des gens, lesquels on veillerait de si près, qu’il
leur serait impossible de tromper. Le Cavalier a reparti que, quand ils ver-
raient un mousquet chargé, dont on les coucherait en joue, ils ne laisseraient
pas pour cela de faire à leur ordinaire. « Il y en a déjà, a répliqué M. Colbert,
qui sont exclus pour jamais de travailler aux bâtiments du Roi; cela tiendra
les autres en bride, » et a ajouté qu’on donnerait au Cavalier tous les so-
vrastantî qu’il voudrait. Puis il a fini par résoudre qu’on dresserait le devis
qu’ils appellent capitoli1, pour pouvoir donner les ordres au bois, à la pierre
et à toutes les autres choses.

Mon frère a eu ordre d’y travailler avec le signor Malhie et M. Madiot;
ensuite M. Colbert a été voir les murs dans la basse-cour, et a vu au même
lieu de quelle manière l’on éteint la chaux à la mode de Rome.

Le sixième, nous avons commencé avec le signor Mathie à travailler,
mon frère et moi, chez le Cavalier, au devis de la fabrique du Louvre; cepen-
dant le cardinal Antoine y est venu et n’y a guère demeuré; il y est revenu
un peu après, avec M. le Nonce, et ont fort discouru de la maladie du Pape,
Puis s’en sont allés. M. Madiot étant venu, le Cavalier l’a fort questionné

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