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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le Salon de 1880, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0421

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LE SALON DE 1880.

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ailleurs donné leur mesure, c’est à qui commande des travaux à la con-
naître. Depuis le concours de la République en 48 jusqu’à ceux de ces
mois derniers, qu’est-il sorti de tout ce beau tapage? Rien ou presque
rien, à peine quelques œuvres de second ordre qui vont s’habituer à
usurper dans nos squares ou sur les murs de nos monuments la place
des artistes supérieurs. Et pourquoi nos ministres ou nos préfets de la
Seine taxent-ils ainsi publiquement leurs hauts fonctionnaires d’ignorance
et d’incompétence ? Quel avantage ont-ils à proclamer à son de trompe
que ces hauts fonctionnaires seraient incapables de désigner en toute
sûreté quel sculpteur est propre à telle statue, quel peintre sied à telle
décoration? Mais ces collaborateurs, vont penser les artistes, ne savent
donc pas leur métier? sont-ils donc indignes de la confiance que le
ministre a mise dans leur discernement ? ou, pis encore, ont-ils peur d’as-
sumer une responsabilité qui est l’honneur même de leurs fonctions? A
quoi bon alors les expositions annuelles, si ce n’est à révéler à nos admi-
nistrateurs les hommes capables de prendre part aux travaux de l’État?
C’est là qu’en une série d’ouvrages exposés librement et mûrement au
jugement public, l’artiste se produit et se développe tout entier sans
hasard ni tricherie; c’est là que vous devez noter son nom sur votre
carnet pour l’appliquer avec choix à la tâche qui lui conviendra parti-
culièrement; c’est là que vous saurez s’il est en état d’exécuter puis-
samment, savamment, jusqu’au bout, l’esquisse peinte ou le modèle à
peine ébauché qui sera l’embryon de l’œuvre définitive, esquisse ou
ébauche à laquelle un élève adroit de l’École des beaux-arts ou un mo-
deleur d’industrie peut donner un semblant d’aspect suffisant à tromper
un jury, mais dont le victorieux est hors d’état de tirer une œuvre maî-
tresse. Avec vos concours, je vous le dis, vous cherchez vous-mêmes à
être dupés. C’est au Salon, au Salon seulement, que vous reconnaîtrez
les artistes dignes de perpétuer dans nos monuments la gloire de l’école
française.

Non, ne touchons pas au Salon; seulement remettons-le sur son ter-
rain vrai. Que sa gestion passe bien entière et bien en bloc de l’adminis-
tration aux artistes; mais, pour Dieu, sortons de l’équivoque. Les artistes
sont tout dans l’exposition, qu’ils y fassent tout. Encore une fois, ils
élisent les juges, lesquels admettent les tableaux, les placent et les récom-
pensent. Quelle part est celle de l’administration? Elle fournit des bulle-
tins pour l’élection, des registres pour les jugements, des catalogueurs
pour le livret, des placeurs pour les tableaux bien ou mal notés, et fait
fondre à la Monnaie des médailles pour les récompenses? Et pour tout cela
que recueille-t-elle? Les colères souvent fort injustes des exposants et
 
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