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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Rayet, Olivier: Les fouilles d'Olympie
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0432

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414

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

au dire de Pausanias, un narrateur sobre à l’excès d’expressions lauda-
tives, « parmi les quelques statues les plus dignes d’être regardées'à
Athènes », twv ’AStivyiciv èv oXtyoi!; 0eaç â£'.ov.

Lucien, un délicat en toutes choses et un juge tout particulièrement
compétent en matière de sculpture, puisqu’il avait fait auprès de son oncle
son apprentissage dans cet art, Lucien ne s’est pas contenté de témoi-
gner en termes vagues son admiration pour cette statue : il consacre à
ses mérites quelques mots précis et qui portent. C’est dans l’ingénieux
dialogue intitulé les Portraits, qu’il écrivit à Antioche, à la fin de 162,
et qui est tout entier consacré à la description des attraits de la courti-
sane Panthea, que Lucius Yerus avait emmenée avec lui de Smyrne en
Syrie. Pour faire comprendre à son interlocuteur Polystratos la beauté
de cette femme, Lycinos (c’est le pseudonyme sous lequel Lucien s’est
fréquemment dissimulé) emprunte leurs détails les plus charmants à cinq
des chefs-d’œuvre de la statuaire, la Sosandra de Calamis, l’Aphrodite
cnidienne de Praxitèle, l’Athéna lemnienne et l’Amazone blessée de Phi-
dias, enfin l’Aphrodite des Jardins d’Alcamène. A la Sosandra, il de-
mande le sourire grave et discret qui a passé de ses lèvres sur celles
de la Joconde ; à l’Aphrodite de Praxitèle, il prend la courbe harmo-
nieuse de l’arcade sourcilière et le regard humide et amoureux ; à
l’Athéna lemnienne, l’ovale régulier du visage, la belle forme des joues et
les lignes majestueuses du nez; à l’Amazone,la délicatesse de la bouche
et la flexibilité du cou ; enfin l’Aphrodite des Jardins lui donne « les
pommettes et la partie antérieure du visage, et, de plus, le contour des
mains, l’heureuse proportion des poignets, la forme fuselée et les extré-
mités amincies des doigts. » Il n’y a pas longtemps qu’ici même un
autre fin gourmet en fait de choses d’art, M. Benjamin Fillon, à propos
du portrait d’Érasme par Holbein, qui est un des trésors de notre
Louvre, faisait remarquer de quelle importance est l’étude des mains,
combien leur forme et leur manière d’être en disent long sur le carac-
tère et les habitudes de leurs possesseurs, et quels renseignements la
manière dont elles sont rendues nous fournit sur l’artiste lui-même. Le
soin apporté par Alcamène à l’exécution des mains de son Aphrodite
nous fait déjà entrevoir en lui un talent épris avant tout de la distinction,
un maître aux goûts délicats, j’allais dire aristocratiques.

Voyons maintenant si les marbres récemment sortis de terre confir-
ment ou trompent notre attente.

En même temps que la décoration du fronton est du temple d’Olympie
 
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