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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Rayet, Olivier: Les fouilles d'Olympie
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0441

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LES FOUILLES D’OLYMPIE. 423

est l’œuvre d’un homme qui a pu sentir l’influence de Phidias, mais qui
n’a pas été formé par lui, et qui est resté plus fidèle que lui aux tradi-
tions artistiques de la génération précédente. L’assertion contraire de
Pline doit donc être rejetée, comme tant d’autres affirmations de cet
ignorant compilateur, contre les bévues duquel on ne saurait trop se
tenir en garde.

Et maintenant, s’il m’était permis de quitter un instant le ton du cri-
tique pour celui du prédicateur, bien volontiers je m’écrierais : et nunc
erudimini, vous auxquels il appartient de rendre quelque vie aux études
classiques, et vous qui leur distribuez des subsides avec une libéralité
plus grande d’année en année, mais bien loin encore de pouvoir être
taxée d’exagération, puisse l’exemple des fouilles d’Olympie, ajouté à
celui des fouilles de Mycènes, de Dodone, de Curium, de Pergame, de
Délos, de Didymes, d’Éphèse, d’IIalicarnasse, de Camiros, de Samothrace,
de Cnide, vous apprendre quel profit la science et l’art peuvent retirer
d’une exploration approfondie des sanctuaires ou des villes antiques !
Puissiez-vous comprendre enfin que l’argent est le nerf de l’érudition
aussi bien que de la guerre, et témoigner aux études de l’antiquité le
quart de l’intérêt que leur portent la Chambre des communes de Londres
ou le Reichstag de Berlin ! Lorsqu’on vous demande de l’argent pour
des cornues, des flacons à deux tubulures et de l’acide sulfurique, vous
le donnez à pleines mains; mais lorsqu’il s’agit de fouilles, de missions,
de travaux archéologiques, vous marchandez sou par sou. Ne peut-on
cependant trouver, sans offenser haute, puissante et exigeante dame la
chimie, qu’il y a chose au monde que les réactions des acides sur les
bases, et que la trouvaille d’une Vénus de Milo vaut bien celle d’un nou-
veau silicate?

Il faudrait se bâter pourtant, si nous voulons imiter l’exemple des
Anglais et des Allemands. Le nombre des localités où des fouilles peu-
vent être fructueuses n’est pas illimité, tant s’en faut; quelques-unes
des mines dont l’exploration paraissait devoir être la plus productive
sont déjà épuisées; il en reste cinq ou six encore auxquelles personne
n’a touché; mais demeureront-elles longtemps intactes? et, si nous atten-
dons encore, ne risquons-nous pas de nous repentir trop tard de notre
longue indifférence?

o. RAYET.
 
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