Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Gonse, Louis: Eugène Fromentin, 6: peintre et écrivain
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0498

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
EUGÈNE FROMENTIN.

477

Je n’ai pas attendu que l’article parût dans la Presse, et j’ai pensé que Charles
Edmond me le laisserait lire. Je n’en ai pas joui, car j’ai dû le parcourir trop à la hâte,
mais je le connais. Il n’ajoute rien à l’entière satisfaction que m’avaient fait éprouver
vos lettres, mais j’en suis confus, heureux, honoré et reconnaissant comme d’un témoi-
gnage et je dirai d’un certificat officiel dont je puis m'honorer devant l’opinion. Il est
admirablement beau, grave et affirmatif. Vous voulez bien surtout me démontrer à
moi-même une chose éminemment intéressante pour moi, c’est que par instinct comme
par théorie, je suis à l’opposé de ce qu’on appelle aujourd’hui le réalisme; et vous me
comblez de joie en me prouvant que j’ai réussi à faire vivre des fictions.

Je vous remercie mille et mille fois, madame, et vous prie de comprendre en un
seul mot la reconnaissance profonde que je vous ai vouée.

L’article ne paraît pas; j’en suis contrarié et attristé pour moi-même surtout parce
que je crois y voir un mauvais vouloir du rédacteur en chef. Je sais qu’il y a quinze
jours aujourd’hui dimanche que l’article est au journal, et votre nom, madame, aurait
dû le faire passer dès le premier jour.

Peut-être savez-vous mieux que moi quel obstacle en a relardé la publication. J’ai
pensé, à défaut d’aulres suppositions, que le directeur m’en voulait un peu d’avoir, l’été
dernier, laissé annoncer dans son journal un livre de moi qui n’a pas paru. Je suis
pourtant bien innocent dans cette affaire, qui m’a causé de grands ennuis, et mon seul
tort est d’avoir été gravement malade. — Quoi qu’il en soit, j’ai écrit à M. Guéroult,
d’après le conseil de Charles Edmond, et, jusqu’à présent, ma lettre n’a pas eu grand
résultat.

Me pardonnerez-vous, madame, de vous remercier si brièvement, et de me
plaindre au contraire si abondamment? J’aurais tant aimé, madame, à vous dire que
j’étais content de mon travail, surtout au moment même où le peintre va se produire à
côté de l’écrivain.

Eu g. Fromentin.

Madame,

12 mars 1859.

Je vous répéterai ce soir ce que je vous ai dit bien souvent déjà depuis qu’il m’est
permis de vous écrire, c’est que je suis confus d’une estime accordée si magnifiquement
et plus reconnaissant de vos bontés que je ne saurais vous le témoigner jamais. J’ai lu
hier soir seulement Yarlicle publié (enfin!) dans le numéro de la Presse de jeudi. Il
m’a été impossible de vous en remercier comme je le voulais à la minute même où je
l’ai lu. Et c’est à peine si j’ose vous écrire aujourd’hui dans les dispositions d’esprit où
je me trouve. Je n’aurai de liberté, de bon sens et de paroles que lorsque je serai dé-
barrassé de cet abominable travail forcé qui m’a paralysé depuis des mois. Jusque-là,
H n’y a en moi qu’une chose qui subsiste à l’état vivant, c’est la force de sentir tout
ce que je vous dois. Mais, à supposer que cela soit exprimable comme je l’éprouve, je
m’en reconnais incapable, et j’en suis humilié, et j’en souffre au moment même où je
vous parle.

Vous me rendez, madame, un immense service. Mon livre, qui va paraître, je
crois, la semaine prochaine, se produira donc comme je l’avais tant souhaité sous vos
auspices : annoncé, recommandé, patronné, défini, justifié, je pourrais dire expliqué
 
Annotationen