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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Merson, Luc-Olivier: Correspondance: centenaire de l'inauguration du Grand théatre de Bordeaux le 7 avril 1880
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0503

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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très, quelques moulures, et Ton se sent pris, charmé, ému. Oui, cela touchera l’âme
du spectateur aussi longtemps que cela restera debout. A-t-il donc fait de bien pé-
nibles efforts, le grand artiste, pour atteindre à un pareil résultat? Je ne le pense pas.
L’effort, du moins, n’apparaît en aucun endroit. A-t-il entassé marbres sur marbres,
bronzes sur bronzes, ors sur ors, que sais-je? et des sculptures, et des peintures?
Pas le moins du monde. Eh bien, ces murailles et ces colonnes lisses, ces pierres sim-
ples et nues sont disposées en un tel ordre et avec un tel goût, tout est si excellem-
ment observé et équilibré, les pleins et les vides, les saillies et les creux, les hauteurs
et les largeurs, la lumière et l’ombre, que personne, je vous jure, ne songe à désirer
des matériaux plus riches ni plus précieusement travaillés. Le talent est une belle et
noble chose, n’est-ce pas? Mais le génie! Ah! si jamais quelqu’un a possédé l’élément
mystérieux, c’est Louis, assurément.

Cependant, mon rôle ici n’est pas de chanter seulement les louanges de Louis
qui n’en a guère besoin, ou celles d’un édifice que connaissent tant de gens auxquels
je n’ai rien à apprendre; je ne m’arrête pas davantage aux abords de la fête, et j’entre
dans la salle à l’instant où la représentation commence. La salle est superbement
éclairée, absolument pleine, et l’orchestre joue — fort bien, ma foi, — Y Artésienne,
suite de concert de Bizet, puis des fragments de la Damnation de Faust. Nous
avons ensuite le Tableau parlant, très plaisamment interprété. Après le Tableau
parlant, un acte en vers, intitulé Cent ans après, occupe la scène. Fortement pensé,
écrit d’une plume souple et sévère, cet à-propos, digne à coup sûr de survivre à la
circonstance qui l’a fait naître, a obtenu un vif et légitime succès. Je n’en ferai pour-
tant pas l’analyse. 11 suffît de dire qu’on y chante, qu’on y danse, et, à la fin, la toile
de fond s’étant levée, la statue de Louis — celle exécutée par M. Jouandot, dont je
parlais tout à l’heure — s’aperçoit au milieu d’une brillante apothéose. Mes compli-
ments à M. H. Minier, l’auteur de Cent ans après.

Quoi qu’il en soit, l’avouerai-je ? le vrai but de mon voyage était moins peut-être
d’entendre et de voir ces choses que de visiter l’exposition'des dessins de Louis, expo-
sition promise pour la circonstance et organisée dans l’une des salles du foyer, la salle
des Grands-Hommes. Or, les dessins sont là au nombre d’une soixantaine et répon-
dent aux diverses phases de la carrière de Louis, depuis le séjour fait par l’artiste en
Italie, comme pensionnaire du roi, de 1756 à 1759, au temps où Natoire dirigeait le
«séminaire des arts». — C’est par ce vocable que le bon et naïf directeur désignait l’Aca-
démie de France. — Malheureusement, tous les plans, tous les projets de palais et de
monuments dressés et étudiés pour le roi de Pologne Stanislas-Auguste manquent à la
collection : la ville de Bordeaux les possédait, mais l’incendie qui endommagea sérieu-
sement, le 13 juin 1862, l’Hôtel de ville, les détruisit jusqu’au dernier, se bornant, Dieu
merci, à gâter plusieurs de ceux qui restent et qui sont à présent exposés.

En revanche, si cette précieuse série est à jamais perdue, celle dos plans, élévations,
coupes, études, détails relatifs au Théâtre, nous la voyons tout entière ou de peu s’en
faut. En effet, en outre de beaucoup de détails particuliers, — pour les loges, par
exemple, — et d’études de parties distinctes, — celle, entre autres, de la charpente,
— on y trouve au moins quinze des dessins qui ont servi aux gravures du grand
ouvrage publié par Louis, en 1782, intitulé La Salle de spectacle de Bordeaux. Cet
ouvrage comprend vingt et une planches; sauf six, c’est donc la totalité des pièces ori-
ginales que l’Exposition met sous nos yeux, et, par fortune, ce sont aussi les plus
importantes : ainsi, la Façade sud, dans tout son développement (planche XIII de
 
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