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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le salon de 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0536

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514

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

quitter que pour aller au Luxembourg : l’un est Y Ex-Voto de M. Ulysse
Butin; l’autre, Y Accident de M. Dagnan-Bouveret. Y! Ex-Voto, c’est-à-dire
une famille de marins portant dévotement à l’église de leur village le
petit modèle du navire qu’ils ont voué à Notre-Dame en une heure de
tempête, est à mon sens supérieur à Y Enterrement d'un marin à Viller-
ville, de 1878, et, pour qui connaît nos côtes de Normandie, jamais n’ont
été représentés avec cette observation profonde, j’allais dire ethnogra-
phique, les types et les allures de nos populations maritimes. Je n’en-
tends pas seulement leurs costumes et les habitudes intimes de l’ajuste-
ment de leurs bonnets, de leurs jupes, de leurs sabots et de leurs vestes,
mais leur air de tête, enfants et vieillards, leur port, dans ce qu’il a de fon-
cièrement respectable et noble, et leur teint, leurs gestes et leurs tics. —
Quant à Y Accident de M. Dagnan, où vous voyez ce délicat gamin, à la tête
si fine dans sa pâleur, dont un jeune chirurgien de passage panse le poignet
brisé et tout ruisselant de sang, avec toutes ces bonnes gens du cabaret
attentifs à l’opération, il y avait longtemps que les Salons ne nous avaient
montré un tableau de genre aussi parfait. II. faudrait chercher dans
ce que le vieil Anglais Mulready, et Knaus, et Munkacsy, et le Suisse
Benjamin Vautier ont produit de plus ingénu et de plus expressif, pour
trouver un ouvrage préférable à celui-ci comme entente et intérêt de la
scène familière, et ils ne le dépasseraient pas par la fermeté et la justesse
de la peinture. Le même M. Dagnan-Bouveret a exécuté, pour l’église de
Bagneux, un saint Herbland qui doit fort donner à réfléchir au conseil
municipal de Paris, car, dans leurs fameuses commandes de tableaux
d’histoire, nos édiles n’obtiendront guère aisément des jeunes élèves de
l’École des beaux-arts, fût-ce même au moyen d’un concours, une figure
de cette intensité de sentiment, de cette piété pénétrante et recueillie.

Si j’étais l’État, et si je pensais à choisir parmi les jeunes exposants
les peintres capables de me décorer mes monuments, je vais vous dire les
noms dont je prendrais note pour ne les point oublier dans mes prochains
arrêtés. Puisqu’on a, bien à tort, selon moi, et au grand détriment de
l’art, renoncé puérilement à décorer les édifices religieux et à exercer les
artistes sur des sujets chrétiens qui tendaient leurs esprits vers les zones
les plus hautes, puisque l’on veut les exciter à la peinture purement
historique, pour l’ornement de nos hôtels de ville et de nos palais de
justice, je chercherais ceux qui, soit par le mâle exercice de leur pinceau,
soit par le sens particulièrement intelligent et fidèle qu’ils ont montré
de l’histoire, sembleraient les plus propres à la traduction des plus
généreux faits de nos pères.

Entre les premiers, j’inscrirais M. Roll, le peintre de la Grève des
 
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