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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le salon de 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0538

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516

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

représenter les événements de la vie civile. Je dis que ce mâle artiste
serait des premiers qu’une administration intelligente devrait appliquer
à couvrir d’immenses murailles. J’en dis autant de M. G. Becker, l’auteur
de la fameuse Bespha, que l’on voit rongeant à l’étroit dans son tableau
de cinq mètres son besoin exubérant de mouvement et ses imaginations
singulières, témoin sa Martyre chrétienne, renversée, tète en bas, dans
un escalier monumental, par les archers d’un préteur furieux. Je dis que
M. Lehoux est encore de ceux-là, et que, si le coloris roux et monochrome
de sa Pêche miraculeuse ne montre pas qu’il ait étudié à Rome une aulre
palette que celle un peu grossière et pesante des maîtres bolonais, son
dessin a gardé la vigueur robuste qui lui est bien propre, et si l’on savait
lui confier quelqu’une de ces décorations en grisaille dont les archi-
tectes duxvt6 siècle savaient faire un si bel usage, jene doute pas qu’il ne
sût y dérouler des compositions d’une fierté et d’une ampleur qui feraient
honneur au monument. On en trouverait d’autres encore qui demeurent
inutiles avec toute leur science acquise, et qui tournent, et qui tâtonnent,
se dépaysant comme ils peuvent, cherchant d’autres horizons. Je citerai
M. Boutet de Monvel, que j’avais, me semblait-il, laissé chez J.-P. Lau-
rens, et que je rencontre cette année chez Rembrandt, caressant le
torse d’une jeune sorcière. Est-ce que celui-là aussi n’était pas préparé
pour la peinture d’histoire? Je me croirais injuste en n’écrivant pas ici
le nom de M. Lematte, rien que pour sa tête de la Victoire, — et celui de
M. Courtois, pour son Dante et Virgile aux Enfers, composition vigou-
reuse et d’une imagination dantesque, et qui marque les grands déve-
loppements acquis par le talent de l’artiste depuis son charmant Narcisse,
du Musée du Luxembourg, — et celui de M. AVencker, pour son Saill
consultant la Pythonisse, le seul tableau académique que j’aie noté au
Salon, en souvenir de son délicieux portrait de fillette en robe grise, qui
me charma si fort les yeux à une exposition précédente. Enfin, quand je
regarde ce Ranvier au modelé si fin, si frais et si serré à la fois, Bacchus
et Ariane, je ne puis me défendre de regretter que l’admirable plafond
de la Légion-d’Honneur n’ait su mériter à son auteur une application
nouvelle de son talent désormais expérimenté.

Quant aux peintres historiens, nous avons là M. Luminais, avec ses
Énervés de Jumiêges; — M. Maignan avec son Renaud de Bourgogne ac-
cordant à Belfort des lettres d’affranchissement, grande toile imitée de la
manière de J.-P. Laurens, mais où il in’a paru que l’artiste, de tempé-
rament plus adroit qu’énergique, était moins sûr de lui-même que
dans des cadres de moindre étendue. — M. Priou (c’est déjà une vieille
commande) avait à représenter les Consuls de Bordeaux prêtant serment,
 
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