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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le salon de 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0542

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520

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

guirlande des bacchantes s’enroule autour de son siège; son maillot,
couleur de chair, est tiède encore de ses sueurs de danseuse, et elle pose
sur le blanc crucifix son brodequin rouge de courtisane. — M. J. Goupil
a exposé au Salon le dernier jour de captivité de Mn,e Roland; mais sur-
tout et partout, en peinture, en sculpture et de toutes mains, y pullulent
des apothéoses de Charlotte Corday. O Charlotte! pure et héroïque mar-
tyre de la Paix, victime désignée et dévouée par toi-même au rétablis-
sement de la Paix sociale, cette Paix, qui est ton mot, ton symbole et
ta foi depuis ton départ de Caen jusqu’à ton arrivée à la guillotine, et
qui n’est que l’expression transformée de la pieuse horreur dont fut prise
Jeanne d’Àrc, en d’autres temps, pour les déchirements impies et excé-
crables qui de loin en loin menacent de mort notre chère patrie, — il
semble, quand le ciel tourne au noir, que ton image ait besoin d’être
montrée à ce peuple, pour le rassurer contre des tyrannies qui ne sont
encore, Dieu merci, qu’un rêve affreux; il semble que cette image soit à
elle seule une invocation à la Paix, à la Paix, d’où sortiraient, au lende-
main de lugubres angoisses, le répanouissement des cœurs et le renou-
vellement de la grandeur française.

La Charlotte Corday de M. J. Aviat, « immobile et comme pétrifiée
de son crime, se tient debout derrière le rideau de la fenêtre ». C’est
le thème fourni par Lamartine ; c’est celui qu’avait déjà traité M. Baudry
dans son tableau acquis par le Musée de Nantes. L’attitude de la figure
est belle et noble en son émotion ; la tête toutefois n’offre peut-être pas
un caractère suffisant de force surexcitée que l’on peut supposer à la
femme si novice au meurtre et qui vient de frapper un tel coup. —
La Charlotte de M. Weertz, effarée et collée au mur derrière la bai-
gnoire où se débat Marat expirant, par les vociférations effroyables
de la femme, des municipaux et de la populace, qui se ruent contre
elle, est bien diminuée, elle aussi, par l’expression trop amincie d’une
tête petite et sèche. Mais, par contre, le groupe des gens qui se
précipitent violemment dans la chambre est d’une turbulence et d’une
facture dignes d’un vrai peintre d’histoire et qui sait son métier.
— Dans la même salle, où sont déjà réunies ces deux toiles en l’hon-
neur de Mllc de Corday, un troisième peintre, M. Cam. Clère, lui a
consacré un triptyque, ni plus ni moins qu’aux saintes du temps passé :
l’introduction chez Marat, l’arrestation, la toilette funèbre. — Enfin
dans une autre salle, M. E. Duchesne a retracé la scène dramatisée par
Lamartine, le bourreau apportant la chemise rouge dans ce cachot où
le peintre Ilauer avait commencé le portrait de l’héroïne, ce portrait que
ie me souviens d’avoir vu si longtemps au Louvre, en 18Ù6 et 18/i7, dans
 
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