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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le salon de 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0545

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LE SALON DE 1880.

tèsqués comme échelle pour l’œil du spectateur. Elle est très belle, très'
noble, très élégante, cette sculpture française peinte par Tony Robert-
Fleury ; elle est bien la muse idéale de l’art de Jean Goujon et de Ger-
main Pilon; même le ton un peu roux dans lequel elle est exécutée rap-
pelle fidèlement celui des peintures du Primatice de Fontainebleau, et
l’artiste, vous l’avouerez, ne pouvait choisir un meilleur modèle. Je ne
ferai à son ensemble qu’une très légère critique : c’est de n’avoir pas donné
aux moulures qui bordent le compartiment central un aspect assez
trompe-l’œil pour l’isoler de la large bande des camaïeux et des or-
nements, et le ton de ces ornements mêmes, ou plutôt du dessous sur
lequel ils se détachent, m’a paru manquer quelque peu de vigueur. C’est
un détail à revoir et à faire retoucher par les praticiens de M. Galland
aussitôt que le plafond sera marouflé. Quand, après la série des travaux
de la Légion-d’IIonneur qui avaient si bien réussi à leurs auteurs et à
l’administration, fut proposée la commande des plafonds du Luxembourg
à Tony Robert-Fleury et à ses confrères, on songeait à exercer à de tels
travaux décoratifs de jeunes peintres d’un talent déjà consacré par des
compositions d’histoire. La Marie de Mèdicis de Carolus Duran et celui-
ci, voilà deux ouvrages où l’épreuve est faite et a porté bonne chance à
notre jeune école.

Sur le palier du grand escalier se voient deux panneaux de Thirion :
la France armée présentant la paix et la Force protégeant le droit
destinés à la décoration du Ministère de la Guerre. La coloration en est
vive et éclatante et assez harmonieuse; mais les têtes manquent de ca-
ractère. Aces deuxpeintures menées, j’en ai peur, un peu tambour battant,
je préfère, et de beaucoup, une certaine muse Euterpe du même Thirion,
étude à mi-corps, pleine de souplesse et de charme.

Deux beaux ouvrages manquent à l’Exposition de 18S0, et elle a pu
les espérer jusqu’à la dernière heure : l’un était cette éclatante et ma-
gistrale glorification de la Justice que Baudry a exécutée pour le Palais de
Justice et qui eût si triomphalement décoré le panneau central du grand
salon d’entrée. L’autre, que la maladie de l’artiste ne lui a pas non plus
permis d’achever à temps, était la frise monumentale que M. Joseph
Blanc destine au Panthéon et qui doit y surmonter sa grande composition
ùe Tolbiac. Nos peintres et le public ont été privés là d’un grand ensei-
gnement, car ils auraient vu les œuvres de deux maîtres décorateurs,
nourris tous deux aux bonnes sources de l’inspiration et du goût. Et
pourquoi M. Galland, le savant professeur des secrets de cet art déco-
ratif, art si laborieux et si complexe dans l’apparente légèreté de ses
détails accessoires, n’a-t-il pu nous montrer, au Salon, les trois grandes
 
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