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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Velazquez, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0548

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526

GAZETTE DES BEAUX-AUTS.

Des sujets clairement exposés dans des actions simples et à l’aide de
types pris dans la vie vivante, aux attitudes, aux gestes, aux expressions
naïvement éloquents et justes; point de déclamation, point de style, s’il
faut entendre par ce mot la recherche des ordonnances artificielles et de
l’équilibre des groupes, ou, encore, l’arrangement voulu de lignes soi-
gneusement rythmées; mais, en revanche, beaucoup de vérité, de spon-
tanéité et surtout de caractère; quelque chose comme des scènes intimes,
familières, qui semblent groupées et comme arrangées par le hasard et
paraissent avoir été saisies d’un seul élan, d’un même coup, avec leurs
particularités, leur mouvement, leur imprévu pittoresque et la curieuse
diversité de leurs accidents, voilà ce qu’en très succincte analyse nous
montrent ces deux compositions où l’artiste ne s’avise guère de haute
esthétique, de sens allégorique ou de profondeur. Conter le fait, tout uni-
ment, suffit à sa poétique. Pe.u accessible.aux abstractions,.encore moins,
aux idées toutes transcrites en formules, il n’a souci que de la vérité for-
melle. D’idéal préconçu de la beauté, il n’en a point : toute vie humaine,
pour humble et vulgaire qu’elle soit, l’intéresse, le captive et l’enchante.
11 ne voit rien, il ne cherche rien en dehors ou au-dessus du réel, et c’est
pourquoi, dans la Forge cle Vulcain, ses personnages mythologiques
paraissent plus humanisés que de raison et semblent rester au-dessous
de leur rôle fabuleux. Comme chez les Vénitiens, le sujet pour Velâzquez
n’est qu’un prétexte à rendre de belles idées plastiques et à les bien
peindre, et, pas plus qu’eux, il ne s’inquiète ni de couleur locale ni de
fidélité historique ou chronologique. On a écrit de l’école espagnole
qu’elle évitait soigneusement de peindre le nu ; que, vouée exclusivement
aux sujets religieux, sombres, dramatiques, farouches, elle s’interdisait,
à l’égal d’une chose honteuse, la représentation des scènes mythologi-
ques. Velâzquez, le plus grand et le plus espagnol de ses maîtres, n’a
point connu de telles entraves. Chrétien sincère, certes il devait l’être ;
mais, à scruter son oeuvre, à interroger sa poétique religieuse, il semble
bien qu’il appartienne à cette classe de libres esprits qui ont plutôt de
vagues sentiments que des convictions très arrêtées, encore moins la foi
robuste des premiers âges. A sa .façon de comprendre et d’interpréter
les sujets sacrés, il est visible que les dogmes le laissent froid. S’il touche
à la mythologie, au lieu d’aborder ces sortes de compositions, comme le
font d’ordinaire les Italiens, avec un symbole tout fait, Velâzquez, peu
soucieux du sens mythique ou allégorique de son thème, n’y voit qu’un
simple fait, non encore embelli ou transformé par la tradition, et qu’il se
cpntente d’exposer sans façon, mais non sans malice ou sans ironie.
L’Olympe, en effet, le fait sourire. De même que Cervantès se complaît
 
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