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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Velazquez, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0553

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530

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rencontre à Naples, que le musée de Madrid doit de posséder quelques-
unes des plus célèbres peintures de Ribera, acquises presque toutes sous
le règne de Philippe IV et le plus souvent encore à l’instigation et par
les soins de Velâzquez.

Dans les premiers mois de l’année 1631 , Velâzquez rentrait à
Madrid. Le roi sut bon gré à son peintre de n’avoir point usé dans toute
sa latitude du congé qu’il lui avait accordé; il lui assigna pour atelier la
galerie nord de l’Alcazar, appelée la galerie del Cicrzo, qui communiquait
avec les appartements privés par une porte dont Philippe IV garda la clef.
Bientôt le roi prit l’habitude de v.enir chaque jour l’y visiter. On sait que
Philippe ne se contentait pas d’acquérir et de collectionner de belles
peintures. Élève de fray Juan Bautista Mayno, lui-même peignait et des-
sinait avec goût. Butron, Carducho, Pacheco, Palomino citent avec
éloge quelques-unes de ses œuvres. Il est donc vraisemblable que Ve-
lâzquez dut plus d’une fois guider le pinceau ou même remanier les
essais du royal amateur. Pacheco nous rapporte encore que Philippe se
prêtait fréquemment à poser devant Velâzquez durant de longues et
fatigantes séances; se faire peindre sous tous les aspects et à tous les
âges fut évidemment pour le triste et apathique monarque une des
grandes occupations de sa vie.

Dès son retour, et après avoir fait le portrait de l’infant don Bal-
thazar-Carlos à l’âge de deux ans, Velâzquez dut s’occuper d’un projet de
statue équestre que le comte-duc d’Olivarès, toujours en peine d’occuper
et d’amuser le roi, avait persuadé à Philippe de s’ériger à lui-même
au milieu des jardins du Buen-Retiro. Commandée au sculpteur florentin
Pietro Tacca, cette statue, modelée et fondue en bronze à Florence,
d’après des esquisses et des portraits envoyés par Velâzquez, ne fut
achevée qu’en 1640. Très vivante d’allure et d’un arrangement singu-
lièrement original et heureux, cette belle et pittoresque représentation
de Philippe IV, dressée aujourd’hui dans les jardins de la place de
l’Oriente, en face du palais, porte la manifeste empreinte du génie qui
l’a conçue et ordonnée, et accuse dans sa tournure, dans son mouve-
ment, la large part que prit Velâzquez à son exécution1.

Au commencement de Tannée 1634, Velâzquez maria sa fille Fran-
cisca avec son élève Juan Bautista del Mazo. A cette occasion, il obtint
de transmettre à son gendre sa place dhuissier de la chambre, et lui—

1. Le portrait équestre de Philippe IV, peint exprès par Velâzquez pour servir
de modèle au sculpteur Tacca, est conservé au musée de Florence. Cosrne Mogalli
en a fait une gravure au burin.
 
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