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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Rayet, Olivier: La sculpture au Salon
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0573

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

autre famille d’artistes, ceux en qui domine le sens de l’arrangement et
du décor, qui troussent lestement une figure, qui donnent de l’esprit au
bronze et savent rendre le marbre pittoresque. L’idéal de ceux-là est, à
mon avis, inférieur, mais il y a parfois dans leurs œuvres bien du charme
et du mérite.

Parmi les artistes de cet ordre, M. de Saint-Marceaux est sans con-
teste, et avec toute raison, le plus en vue. On se rappelle le vif succès
obtenu l’an dernier par son Génie. A vrai dire, je n’étais pas admirateur
enthousiaste de cette figure, qui n’avait de Michel-Ange que l’extérieur,
la silhouette, et qui se donnait bien du mal pour garder le secret à elle
confié. Cependant, s'il ne fallait pas trop chercher l’ossature sous la peau,
si la construction de la tête était singulièrement fantaisiste, on ne pou-
vait pas nier que l’ensem'ble n’eût des lignes heureuses et beaucoup de
mouvement et de vie. Cette année, M. de Saint-Marceaux expose un
plâtre, un Arlequin, que l’on peut regarder tout à l’aise, isolé qu’il est
dans une salle de dimensions restreintes, où rien ne vient distraire le
regard, où toute comparaison fâcheuse est impossible. Si le système des
repoussoirs n’avait été, dans une circonstance toute récente, aussi sévère-
ment condamné, on aurait peine à croire que le hasard à lui tout seul ait
pu si bien faire les choses. Le personnage est bien planté, d’ailleurs, et
d’une spirituelle crânerie. Quoique le costume, si collant qu’il soit, et le
masque placé sur la figure simplifient beaucoup la difficulté du modelé,
on y sent la main d’un habile homme. Mais pourquoi avoir donné plus de
deux pieds de haut à un personnage aussi peu important? M. de
Saint-Marceaux peut faire mieux, et nous attendons de lui l’an prochain
autre chose qu’une statuette grandeur nature.

C’est dans le jardin que se trouve le second envoi de M. de Saint-
Marceaux, une tête en bronze de M. Meissonier, très lestement enlevée,
très vivante, et qui est curieuse encore en ce qu’elle révèle chez l’auteur
de la Lecture et du Coup de l’étrier une parenté avec le Moïse de Michel-
Ange que personne n’avait soupçonnée. Seulement M. de Saint-Marceaux
croit-il qu’il soit permis de laisser à un bronze de cette taille l’aspect
d’une ébauche? que signifient ces boulettes à demi écrasées dans les
cheveux et dans le col de la redingote? Des boulettes de terre en métal !
Il suffit d’exprimer cette idée pour en faire sentir l’étrangeté.

Les mêmes critiques ne sauraient être faites avec justice à un autre
Meissonier, celui-là en pied et l’œuvre d’un jeune artiste napolitain
que nous espérons retrouver souvent aux Champs-Élysées, M. Gemito.
Ici les dimensions restreintes, moins de deux pieds de haut, autorisent
parfaitement certaines libertés et certaines négligences volontaires. Ne
 
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