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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Rayet, Olivier: La sculpture au Salon
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0575

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552

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

personne rebondie, un pinceau dans la main droite et une palette dans
la gauche, le peintre semble se reculer de devant sa toile et cligner
de l’œil pour juger l’effet de la touche qu’il vient de mettre. Point de
regard inspiré, point d’allure olympienne : une bonne et fine physiono-
mie d’artiste, ce qui vaut mieux. J’aime un peu moins, quoique le faire
y ait la même souplesse, le buste de M. Paul Dubois. Ici M. Gemito a
forcé la note; pour donner à son modèle plus de caractère, il a vieilli et
fatigué ses traits : ce n’est pas le Dubois d’aujourd’hui qu’il nous montre ;
c’est ce qu’il sera dans dix ans.

Ajoutons queM. Gemito, comme presque tous ses compatriotes, coule
ses bronzes à cire perdue, procédé infiniment supérieur à celui de la
fonte au sable dont on fait usage en France. L’épreuve sortie du bon
creux peut être retouchée avant d’être noyée dans le mélange qui con-
stitue le moule définitif, mélange beaucoup plus fin, d’ailleurs, que le
sable de Fontenay. Dès lors plus de ces réparations à outrance, de
ces limages à fond qui sont nécessaires chez nous. L’épreuve a tout l’ac-
cent, toute la finesse de la maquette, et une légère retouche suffit pour
que nous ayons, avec toute sa saveur, la pensée du statuaire.

Nous avions déjà vu en plâtre, à l’un des derniers Salons, le Dante
de M. Aubé; nous le retrouvons maintenant en bronze. Peut-être la
bouche est-elle plus vollairienne que dantesque, mais, à tout prendre,
c’est une statue bien jetée et qui a du caractère. Outre son Dante,
M. Aubé expose encore, un groupe en plâtre, la Guerre foulant aux
pieds le cadavre d’un enfant. Il y a du mouvement et de l’ampleur dans
ce groupe, mais je n’en aime pas la conception. Il n’est pas bon de
nous représenter sous cet aspect bestial et hideux une chose avec la-
quelle nous devons familiariser notre pensée.

Pas plus que le Dante de M. Aubé, le Lion de M. Bartholdi n’est chose
entièrement nouvelle. A vrai dire, il a eu tort de quitter la montagne
de Belfort. Vu de loin, il avait une belle tournure; vu de près, c’est une
bête à formes chimériques, au front chargé de pensées, un lion philo-
sophe indigné que la force prime le droit. De profil, il n’a pas de croupe;
de face, il ne semble pas solide, faute d’un écartement suffisant de ses
pattes. Combien il y a plus de caractère dans le petit lion assyrien du
Louvre, qui n’a pas deux pieds de long! M. Bartholdi n’eût pu mieux
réussir, s’il avait entrepris de prouver que l’énorme n’est pas le
grand.

La Mignon de M. Aizelin est agréablement arrangée, sans tirer beau-
coup à conséquence. De la Lecture de M. Chatrousse, le mieux qu’on
puisse dire, c’est qu’il n’y a pas lieu d’en dire de mal. Quant aux en-
 
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