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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Gout, Paul: L' oeuvre de Viollet-le-Duc, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0581

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558

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

efforts collectifs de plusieurs générations successives. Cette revendication
du rôle de la raison dans les arts, jointe à l’appui de ses théories sur
l’époque du moyen âge, lui attirèrent de nombreux reproches, auxquels
tous ses ouvrages répondent de la manière la plus concluante. « S’il a
réclamé, continue M. de Baudot, pour les créations modernes, l’inter-
vention de la raison, c’est que, d’une part, il craignait de voir un jour
la raison seule dominer au détriment de l’art, et que, d’autre part, il
observait dans les œuvres des plus belles périodes, notamment dans
l’art grec et celui du moyen âge en France, qu’il existait le lien le plus
intime entre la structure et la forme; d’ailleurs, il n’était pas insensible
aux subtilités de la pensée, aux souplesses et aux charmes de l’imagi-
nation; seulement il n’admettait pas que le sentiment et la fantaisie
puissent seuls guider l’artiste appelé à créer des édifices et des objets
d’une destination sérieuse et devant répondre à des exigences de toute
sorte. Pour lui, ces théories vagues n’avaient été en honneur qu’aux
époques de décadence, et il les répudiait absolument pour son temps. »
Ainsi tombent également le plus grand nombre des critiques dirigées
contre ses constructions modernes. A l’église de Saint-Denis, par exemple,
où il ne disposait que de faibles ressources, il prit le parti de gagner
sur la hauteur et par la simplicité des formes ce qu’il ne pouvait diminuer
sur l’étendue nécessitée par le nombre des fidèles. Lorsqu’il avait à
construire une maison de rapport dans Paris, se trouvant, d’une part,
dans l’obligation de faire un certain nombre d’étages, et conséquem-
ment limité pour la hauteur à donner à chacun d’eux, d’autre part,
voulant donner de l’air et du jour aux appartements, il préférait parfois
élargir les fenêtres, au risque de leur donner une proportion moins
heureuse et satisfaire en même temps le programme du propriétaire
et les commodités du locataire. Celui qui est versé dans la pratique de
la construction sait combien de fois il y a lieu d’opter entre deux
nécessités qui se combattent. Viollet-le-Duc, en prenant toujours le
parti de la raison, a fait preuve de bonne foi et de bon sens. Mieux
que tout autre, il pouvait donner à ses œuvres la richesse et l’élé-
gance qui caressent agréablement les yeux ; mais il ne le voulait
qu’autant que ce n’était pas aux dépens de besoins matériels plus
sérieux. D’ailleurs, quand il a été entièrement libre, n’a-t-il pas montré
ce qu’il pouvait, tout en restant fidèle à ses principes de sincérité, créer
de véritablement beau dans le domaine de l’art pur? La flèche de la
cathédrale de Paris n’est-elle pas un vrai chef-d’œuvre de proportion et
de pureté de ligne? La nouvelle façade de l’église de Clermont-Ferrand
et le tombeau du duc de Morny ne sont-ce pas des compositions du
 
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